Dans le paysage économique algérien, une situation paradoxale persiste où 618 marchés communaux et de wilayas, construits à grands frais, demeurent inexploités. Cette réalité, révélée par le ministre du Commerce intérieur Tayeb Zitouni lors de la rencontre Gouvernement-walis, met en lumière les dysfonctionnements de la régulation commerciale dans le pays.
L’ampleur de ce paradoxe se mesure à travers deux indicateurs majeurs. D’une part, l’État a investi 12 milliards de dinars dans la réalisation de ces marchés de proximité, répartis entre les PCD (Programmes Communaux de Développement) (4 milliards de dinars) et l’entreprise publique BATIMETAL (8 milliards de dinars). D’autre part, l’économie parallèle mobilise entre 6.000 et 10.000 milliards de dinars selon les estimations officielles, privant les collectivités locales de revenus essentiels et entravant la création d’emplois formels.
Une stratégie de restructuration globale
Face à cette situation, le ministère du Commerce intérieur déploie une stratégie articulée autour de trois axes. Il commence par la modernisation du cadre législatif avec une nouvelle loi sur l’approvisionnement et la protection du pouvoir d’achat. Il se poursuit par la régulation du marché national via la numérisation des systèmes de contrôle et de suivi. Enfin, il prévoit le renforcement des mécanismes de contrôle économique, notamment par le déploiement de huit nouveaux laboratoires mobiles.
La transformation numérique au cœur du dispositif
La réactivation des espaces commerciaux repose sur une digitalisation ambitieuse. Le ministère déploie des plateformes numériques pour le suivi des stocks et des prix, soutenues par un réseau de 37 laboratoires opérationnels, complété par huit nouveaux laboratoires mobiles. Cinq unités supplémentaires sont prévues pour 2025. Cette modernisation s’accompagne d’un élargissement du rôle de la Société MAGROS dans la gestion des marchés de gros, visant à créer un environnement attractif pour les acteurs de l’informel.
Une mise en œuvre territorialisée
Le succès de cette transformation repose sur une approche différenciée selon les territoires. Les wilayas du Sud bénéficieront d’un renforcement particulier de l’approvisionnement, tandis que les quatorze wilayas côtières disposeront d’une feuille de route spécifique. Les walis, acteurs clés de cette transformation, superviseront le prochain recensement économique pour adapter l’offre commerciale aux réalités locales.
La revitalisation de ces marchés fantômes pourrait marquer un tournant dans la modernisation du commerce dans le pays. Au-delà de l’enjeu économique, cette transformation vise à générer des emplois formels et des ressources durables pour les collectivités locales, contribuant ainsi à la formalisation progressive de l’économie nationale.
L.N