Depuis plusieurs semaines, déjà, les bureaux de postes font face à une quasi pénurie de liquidité bancaire (monnaie fiduciaire), notamment en période de forte demande, coïncidant généralement avec les « jours de paie ». La Banque d’Algérie reste muette quant aux solutions envisagées à ce problème.
La wilaya de Tipasa a été parmi les premières à ressentir le choc du manque de billets de banques au niveau des bureaux de postes, longtemps maintenus sous perfusion de vielles et insalubres coupures de 500 Da et de pièces de monnaie de 200 Da.
Ce phénomène, qui ne date pas d’hier, s’est rapidement étendu à d’autres wilayas du pays, comme Mostaganem ou Boumerdes, avant de se généraliser sur l’ensemble du territoire national, plus ou moins.
Même s’ils affichent une patience à toute épreuve, les usagers de la poste ne cachent plus leur désarroi, qui dégénère quelquefois, en une véritable « bronca » dans les postes, au grand dam des préposés aux guichets.
De son côté, la Banque d’Algérie (BA) a admis que le niveau de ses liquidités a fondu comme neige au soleil, pour se situer en deçà des 1000 milliards de dinars, depuis l’apparition de la pandémie Covid-19. En effet, ce sont quelque 600 milliards de dinars qui se sont tout bonnement « évaporés » du circuit bancaire.
« La baisse des revenus liés aux exportations et à l’activité commerciale, a ralenti le mouvement des dépôts », nous explique S.C, chargé d’affaires dans une grande banque privée étrangère. Et d’ajouter : « les clients de la poste se rabattent sur nos distributeurs automatiques de billets (DAB) depuis quelque semaines, au détriment des nôtres ».
L’économiste Abdelkader Mechdal estime que cette situation « témoigne de l’insuffisance des mesures déjà prises pour fournir plus de liquidités, ce qui exerce une pression sur la Banque d’Algérie, pour revoir ses taux d’encadrement du marché monétaire, en procédant à de nouvelles réductions de leurs niveaux, qui doivent prendre en compte la situation d’assèchement que connaît l’économie nationale.»
Malgré l’intervention de l’institution bancaire suprême, dès le mois d’avril passé, en révisant à la baisse son taux directeur pour ce qui est des crédits bancaires, ou de celui de la réserve obligatoire imposée aux banques commerciales, rien ou presque semble pouvoir freiner la tendance baissière de la liquidité, et maintenir son niveau d’avant la pandémie mondiale, c’est-à-dire celui du début de l’année.