« Le meilleur dispositif pour réduire les prix des véhicules est l’instauration de la concurrence », estime l’économiste Samir Bellal.
Le Gouvernement insiste sur le fait que les véhicules fabriqués localement doivent coûter moins cher que ceux importés. « Les voitures fabriquées en Algérie vont coûter moins cher que les voitures importées. Je serai intransigeant sur ce point. Des dispositions garantissant cela sont incluses dans le cahier des charges,» a indiqué hier le ministre de l’Industrie et des Mines, Yousfi Yousfi, lors d’un point de presse qu’il animé à l’issue d’une visite de travail dans la capitale. Au cours de cette visite où il a procédé à l’inauguration d’une usine de production de plaquettes et de mâchoires de freins à Oued Kerma dans la commune de Saoula et une autre usine de montage de Smartphones de la marque sud-coréenne «Samsung» à Rouiba, il a annoncé, pour justifier son propos, qu’en début de mars 2018, il regroupera les monteurs automobiles avec les sous-traitants, pour la signature d’un accord dans l’objectif d’augmenter le taux d’intégration des véhicules montés en Algérie. Toutefois, le défi, s’il en est un, est difficile, voire impossible à relever dans la configuration actuelle du secteur de l’automobile.
Instaurer la concurrence
« Les responsables du secteur viennent de se rendre compte que les choix faits en matière de configurations industrielles débouchent sur une impasse. Une impasse difficile à gérer. Ils ne savent plus quoi faire. Les entreprises de montage sont toutes juridiquement algériennes, mais aucune d’elle ne sert économiquement les intérêts de l’Algérie », affirme Samir Bellal, économiste, qui considère qu’il est impossible, compte tenu de la situation actuelle, de faire en sorte que les véhicules fabriqués localement coûtent moins cher que ceux importés. « L’annonce de Yousfi est impossible à réaliser. D’abord, parce que les operateurs sont dans une situation de monopole. Ils font ce qu’ils veulent. Ensuite, parce que les operateurs pratiquent la surfacturation, la surfacturation étant le moyen privilégié par les maisons mères pour réaliser des bénéfices même si cela se traduit par des déficits au niveau de leurs filiales locales », avance-t-il. En effet, selon Samir Bellal, « le meilleur dispositif pour réduire les prix des véhicules est l’instauration de la concurrence ». « On ne lutte pas contre les monopoles par des cahiers de charge. C’est ridicule », assène-t-il en précisant que « le marché algérien est verrouillé pour servir les intérêts des operateurs qui font le montage. »