La Russie est devenue un acteur important en Libye qui discute avec Fayyez Al-Sarradj tout en soutenant son rival à l’est le général Khalifa Haftar. Selon des révélations de l’agence Reuters, ce soutien à Haftar va jusqu’à l’envoi de forces militaires «non officielles » sur le terrain. Moscou ne croit pas aux larmes, mais croit aux armes?
Une douzaine d’agences de sécurité privées russes ont envoyé des hommes et opéré sur le terrain jusqu’au mois de février dans la zone orientale de la Libye sous contrôle du général Khalifa Haftar, rapporte dimanche l’agence Reuters qui cite le patron d’une firme qui a engagé ces agences.
Selon cette source, la présence de ces « entrepreneurs militaires » russes est un simple «arrangement commercial ». Mais, ainsi que le relève l’agence Reuters, l’envoi de ces agents militaires non-officiels aurait été impossible sans l’aval de Moscou.
Oleg Krinitsyn, patron de la firme de sécurité privée RSB-group, a indiqué avoir engagé des agences qui ont envoyé des hommes dans l’est de la Libye en 2016 et qu’ils s’en sont retirés en février après avoir accompli leur mission.
Selon lui, la mission a consisté à déminer des infrastructures industrielles près de la ville de Benghazi qui est sous contrôle des forces du général Haftar. Oleg Krinitsyn s’est abstenu de dévoiler qui a engagé sa firme pour fournir cette assistance militaire. Il n’a pas également indiqué si ces actions ont été approuvées par le Gouvernement d’union (GNA) soutenu par l’ONU.
Oleg Krinitsyn a indiqué que sa société ne travaillait pas avec le ministère de la défense russe mais qu’elle «s’entretenait » avec le ministère des affaires étrangères de Russie. Les éléments russes engagés par les agences de sécurité n’ont pas pris pas aux combats, a-t-il assuré, mais ils ont été munis d’armes obtenues en Libye.
Il a souligné cependant que les hommes envoyés sur place étaient prêts à riposter en cas d’attaque «pour se protéger et protéger la vie de nos clients ». « Selon la science militaire, une contre-attaque doit suivre une attaque. Cela signifie que nous devrions détruire l’ennemi. ».
Moscou parie sur Haftar
La Russie a reçu a deux reprises en 2016 le général Khalifa Haftar. Début mars, le chef du gouvernement d’union nationale soutenu par l’ONU, Fayyez Sarraj a été reçu à Moscou par Serguei Lavrov. La Russie qui n’a pas opposé son véto à la résolution 1973 du conseil de sécurité en 2011, détournée selon elle pour justifier l’intervention de l’Otan, s’est retrouvée évincée de Libye où elle avait d’importants intérêts économiques.
Tout comme l’Egypte, la Russie parie ouvertement sur le général Haftar engagé dans un combat contre les islamistes et « homme d’ordre » qui plait à Moscou. Théoriquement, la Russie est tenue au respect de l’embargo sur les livraisons d’armes décidé par l’ONU. Des informations récurrentes indiquent que l’Egypte ne respecte pas cet embargo.
L’engagement de Moscou en faveur de Haftar s’est manifesté en mai 2016 par l’impression de 4 milliards de dinars libyens (soit environ 3 milliards de dollars) pour le compte de la banque centrale de Tobrouk, basée à Beidha (est).