L’économiste Mustapha Mékidèche estime que l’Algérie doit aider à faire émerger des capitaines de l’industrie plutôt que des capitaines de l’import- export, et créer un front solide entre les pouvoirs publics et les industriels car « il a été prouvé l’existence d’une corrélation entre la taille des entreprises et le taux de croissance d’un pays ».
Mustapha Mékidèche, économiste et vice président du CNES, a fait part, sur RadioM de son regret concernant la polémique qui a impliqué Isaad Rebrab le P-dg de Cevital, depuis plus d’une semaine suite à la déclaration du ministre de l’industrie et des mines Abdeslam Bouchouareb: « Je suis très désolé de cette polémique dont est victime Isaad Rebrab », a-t-il déclaré. Ce genre de polémique est regrettable et constitue un frein pour le développement économique du pays d’autant plus qu’une étude « a prouvé l’existence d’une corrélation directe entre la taille des entreprises et le taux de croissance d’un pays ». Pour conclure que les difficultés qui entravent les investissements des entreprises « sont des choses à éviter ».
Le rôle des entreprises est si important dans l’économie nationale que l’état doit créer un front fort avec les industriels privés et publics, car « S’il n’ya pas un front entre les pouvoirs publics et les bâtisseurs industriels, on n’ira pas très loin », a-t-il considéré. Pour lui, il est plus que nécessaire d’appuyer les industriels algériens. « L’Algérie doit, au contraire, aider à faire émerger des capitaines de l’industrie plutôt que des capitaines de l’import- export », martèle-t-il. Pour cela, Il faut qu’il ait un appui direct aux industriels. Il faut aussi « fermer les robinets du clientélisme et de la rente et soutenir tous ceux qui pourraient être des champions de l’industrie dont Rebrab. Il faudrait qu’il ait des dizaines comme lui », a-t-il préconisé.
Plus généralement le vice président du CNES, Mustapha Mékidèche, redoute qu’un climat des affaires dégradé en Algérie « décourage les futurs capitaines de l’industrie et les investisseurs étrangers » au moment ou le pays a besoin de mobiliser ses forces productives pour diversifier ses sources de revenus, notamment à l’exportation.
Augmenter les prix du carburant quitte à subventionner les groupes vulnérables
Abordant le thème du changement de modèle de consommation énergétique, M. Mékidèche, élucide « Il nous reste 2747 millions de tonnes équivalents de pétrole en gaz et 387 millions de tonnes équivalents de pétrole en pétrole, selon les statistiques de Sonatrach. Si on divise ces données par la consommation annuelle, on verra qu’on aura plus de 2 à 3 décennies de potentiels énergétique fossile ». Pour y faire face, le vice président du Cnes trouve qu’ « il faut lancer un appel pour la limitation de la consommation des énergies carbonées ». Sur ce point précis, Mostapha Mékidèche juge nécessaire de penser dans le cas de la transition énergétique, à développer la partie de l’énergie non carbonée. Aussi, les prix du transfert du gaz naturel vers les industries doivent-ils être revus, selon lui, notamment le transfert vers l’industrie de l’aval pétrochimique.
Pour rationnaliser le marché énergétique, M. Mékidèche voit que le levier principal est celui des prix, pour cela, il appelle à augmenter les prix quitte à subventionner les groupes les plus vulnérables.