Nabil Mellah sur Radio M : « 70% de production nationale pour le médicament ? Impossible avec l’environnement actuel » (AUDIO) - Maghreb Emergent

Nabil Mellah sur Radio M : « 70% de production nationale pour le médicament ? Impossible avec l’environnement actuel » (AUDIO)

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Nabil Mellah, directeur général de l’entreprise pharmaceutique Merinal était ce mercredi l’invité de Radio M, dans son émission «l’invité du direct». Après avoir évoqué les résultats de son entreprise, numéro 3 sur le marché algérien avec un chiffre d’affaire de 5 milliards de dinars, le DG de MERINAL est revenu sur les perspectives d’un secteur qu’il connait bien pour avoir été pendant près de 12 ans à la direction de l’Unop.

C’est un cri d’alarme que Nabil Mellah est venu poussé sur les ondes de «l’invité du direct» de Radio M, la web radio de Maghreb Emergent . Nabil Mellah avertit : les objectifs annoncés par les pouvoirs publics en matière de couverture des besoins nationaux en produits pharmaceutiques par la production nationale ne pourront pas être atteint dans l’environnement actuel du secteur. Rappelons qu’alors que ce taux est au cours des dernières années de l’ordre de 30% les responsables gouvernementaux prévoit une couverture à hauteur de 70% dès 2017 en se fondant sur les projets d’investissements approuvés ou en cours de réalisation. « Pas possible dans l’’environnement actuel » affirme Nabil Mellah qui évoque un secteur étouffé par les lourdeurs administratives. « Nous avons beaucoup plus besoin de l’accord de l’administration que n’importe quel autre secteur industriel, nos prix sont fixés, nos produits doivent obtenir une autorisation de mise sur le marché , etc .. or la fluidité fait cruellement défaut dans la relation entre les opérateurs et une administration qui prend tout son temps ».

La baisse des importations : « Un effet de change ».

La baisse des importations relevées par les douanes algériennes depuis le début de l’année ne doit pas non plus faire illusion. Pour Nabil Mellah, Elle n’est pas imputable à la montée en puissance de la production nationale mais surtout à un « effet de change ». Le dollar s’est sensiblement apprécié par rapport à l’euro ce qui fait baisser la facture d’importation des produits pharmaceutiques qui sont essentiellement importés de l’UE. Si on ajoute une baisse des prix qui ont été renégocié, « très tardivement », avec les fournisseurs et « des pénuries que les responsables du secteur ont pris l’habitude de d’abord ignorer avant de les nier puis enfin de les attribuer à des problèmes de distribution », on abouti à la facture actuelle qui est annoncée en baisse de près de 30 % depuis le début de l’année .

Gestion du foncier industriel : « une instabilité chronique ».

Les problèmes les plus graves sont ceux rencontrés dans la réalisation des investissements. Pour Nabil Mellah « En Algérie il n’y a aucune visibilité sur le foncier ». Rien qu’au cours des quelques dernières années, le secteur a dû faire face à une instabilité chronique de l’administration dans ce domaine. « Il a été confié d’abord au ministère de l’environnement, ensuite au ministère de l’habitat avant de revenir au ministère de l’industrie. Depuis quelques semaines on nous explique que le foncier industriel relève désormais des attributions des walis ». A chaque fois, une entreprise comme Merinal qui « tente depuis près de 4 ans de réaliser 3 projets d’investissements d’un montant total de 35 millions d’euros a dû refaire les démarches et les dossiers. Elle attends toujours une réponse à ses demandes de terrains pour implanter ses projets ».

Le financement des investissements « merci aux banques privées »

L‘environnement ce sont aussi les problèmes financiers rencontrés par les producteurs avec l’impact de la dévaluation du dinar sur les producteurs qui n’est « toujours pas prise en charge par les pouvoirs publics alors que pour les produits pharmaceutiques les prix de vente sont fixes et que la création d’un marché à terme de la devise qui pourrait permettre d’amortir le choc continue à être annoncée depuis plusieurs années ». En matière de financement des investissements, le PDG de Merinal fait une mise au point intéressante et à contre courant des positions courantes adoptées par le gouvernement. Une entreprise comme Merinal n’a pas rencontré de problèmes pour financer ses investissements …. « grâce aux banques privées qui nous ont même démarché et sont venues à notre rencontre alors que nous n’avons rien constaté de comparable de la part des banques publiques ». Une inquiétude pourtant, la réglementation bancaire qui a réduit sensiblement les capacités de financement du commerce extérieur par les banques risque de compromettre les approvisionnements des entreprises productives. D’autant plus que « les décisions sont annoncées et appliquées presque simultanément sans donner le temps aux entreprises de se préparer ».

Des succès obtenus grâce à l’UNOP

Terminant sur une note optimiste, Nabil Mellah tient à relever que les « succès » relatifs du secteur au cours des dernières années, qui en ont fait une activité souvent citée en exemple en matière de politique industrielle, sont imputables principalement au dynamisme de l’association des producteurs du secteur ,l’UNOP, qui « a toujours défendu vigoureusement ses positions ». Le DG de Merinal cite l’exemple de la liste des produits interdits à l’importation qui est « une revendication ancienne des producteurs nationaux et une pratique comparable à celle des pays occidentaux qui recherchent en fait de façon moins frontale le même objectif à travers la fixation de normes parce qu’ils sont dans l’OMC ». Même succès obtenu avec « l’application des tarifs de référence qui favorise la vente des produits nationaux par les officines du fait du remboursement par la sécurité sociale à hauteur du prix du médicaments générique ».

 

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