Dans un geste marquant une étape importante dans la lutte contre la corruption transnationale, le Nigeria et les États-Unis ont signé, ce vendredi, un accord pour le rapatriement de près de 52,88 millions de dollars. Ces fonds, confisqués dans le cadre d’une affaire impliquant l’ancienne ministre nigériane du Pétrole, Diezani Alison-Madueke, et ses associés, représentent la première restitution d’actifs situés hors du Nigeria liés à l’ex-ministre.
Cet accord historique intervient après des années d’enquêtes et de procédures judiciaires menées par le département de la Justice américain. En 2017, une plainte civile avait été déposée pour récupérer environ 144 millions de dollars d’actifs, présumés acquis grâce à des pots-de-vin versés à Diezani Alison-Madueke. Les autorités américaines affirmaient que deux hommes d’affaires nigérians avaient conspiré avec d’autres pour corrompre l’ancienne ministre, qui supervisait alors la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), la société pétrolière publique du pays.
Diezani Alison-Madueke, dont la localisation actuelle reste incertaine, mais qui était connue pour résider au Royaume-Uni, a toujours nié les accusations de corruption portées contre elle. Ministre du Pétrole sous l’ancien président Goodluck Jonathan de 2010 à mai 2015, elle est au cœur de plusieurs scandales financiers qui ont éclaboussé l’industrie pétrolière nigériane, un secteur clé de l’économie du pays.
Un accord pour la justice et le développement
Lors de la signature de l’accord, le ministre nigérian de la Justice, Lateef Fagbemi, a salué cette avancée majeure. « Cet accord permet le rapatriement d’environ 52,88 millions de dollars provenant de la confiscation des actifs de Galactica, liés à l’ancienne ministre Diezani Alison-Madueke et à ses associés », a-t-il déclaré.
Les fonds rapatriés seront utilisés pour soutenir des projets de développement au Nigeria, en particulier dans le domaine de l’électrification rurale. Selon M. Fagbemi, 50 millions de dollars seront alloués à l’amélioration de l’accès à l’énergie renouvelable, en collaboration avec la Banque mondiale. Les 2,88 millions de dollars restants seront versés sous forme de subvention à l’Institut international pour la Justice (International Institute for Justice), afin de renforcer les capacités de lutte contre le terrorisme à travers l’Afrique.
Cet accord entre le Nigeria et les États-Unis envoie un message fort à la communauté internationale : la corruption transnationale ne restera pas impunie. Il illustre également l’importance de la coopération internationale dans la restitution des actifs illicites, un enjeu crucial pour les pays en développement souvent privés de ressources essentielles à leur croissance économique.
Pour le Nigeria, ce rapatriement marque une étape symbolique dans la lutte contre la corruption, un fléau qui a longtemps entravé le développement du pays. Toutefois, les défis restent immenses. Les autorités nigérianes devront garantir une gestion transparente des fonds rapatriés, afin qu’ils bénéficient réellement aux populations locales et contribuent à réduire les inégalités.