Sami Agli plaide pour le maintien de l’organisation patronale en dehors de la sphère politique. Pour lui, le FCE doit revenir à ses missions premières qui consistent à défendre ses membres et à participer au développement de l’économie algérienne.
Vous êtes candidat à l’élection de la présidence du Forum des chefs d’entreprise. Qu’est-ce qui vous a incité à présenter votre candidature ?
Je suis membre du FCE depuis plusieurs années, il me semblait évident de m’engager concrètement pour présenter ma vision et mes projets aux membres de notre organisation. C’est une opportunité qui s’est présentée à tous les membres du FCE suite à la démission de l’ex-président. Je me suis porté candidat pour préserver les acquis et pour aller vers une organisation plus forte, dotée d’un mode de gouvernance transparent et démocratique. L’objectif étant de mieux défendre les entreprises et l’économie algériennes.
L’élection étant prévue pour le 24 juin, vous êtes donc en pleine campagne. Comment se déroule-t-elle ?
J’ai débuté ma campagne depuis une semaine. Elle se déroule dans de bonnes conditions par des activités de proximité. J’ai eu l’occasion de faire ma première sortie à Béjaïa où j’ai participé à un iftar et à une rencontre avec les membres de la délégation locale du FCE. Je dois dire que les échanges étaient très intéressants.
Je me rendrai ces prochaines semaines dans d’autres wilayas à travers l’ensemble du pays afin de présenter mon programme et mes idées.
Etre candidat unique ne risque-t-il pas de ternir encore plus l’image du FCE ?
En réalité, il ne devait pas y avoir de candidature unique. Nous étions deux à faire valider nos dossiers, mais l’autre membre a décidé de se retirer.
Je suis porteur d’un projet et je suis surtout responsable envers l’organisation et ses membres, voilà pourquoi j’ai décidé de maintenir ma candidature.
D’ailleurs, ce n’est pas pour autant que je ne vais pas faire campagne ou ne pas aller aux plus près des membres du FCE. Au contraire, je suis tenu de redoubler d’efforts pour défendre mon projet et, surtout, être à l’écoute des attentes des chefs d’entreprise.
Prétendre à la présidence d’une organisation comme le FCE est un engagement très sérieux. On ne le fait pas pour se mettre en concurrence avec d’autres ou bien pour chercher la célébrité. J’ai pris mes responsabilités, j’irai jusqu’au bout.
L’objectif de celui qui aurait dû être votre adversaire, monsieur Hassen Khelifati, était de bloquer le fonctionnement du FCE ? Quel serait le risque pour le Forum si cette élection n’a pas lieu le 24 juin ?
Je ne vais pas parler de celui qui aurait pu être mon adversaire, l’intérêt n’est pas là. Le plus important c’est de réfléchir à l’avenir du Forum des chefs d’entreprise, à son fonctionnement et à ses membres.
L’absence d’élection provoquerait une vacance du poste de président qui risque d’être désastreuse pour le fonctionnement du FCE. Le vide statutaire pourrait être fatal car il est primordial que l’Assemblée générale élise un organe de gestion avec à sa tête un président. Les statuts et le règlement intérieur sont ainsi faits, nous devons les respecter.
Quelles seront vos priorités si vous élus ?
La priorité sera de mettre en œuvre le premier engagement de mon programme : faire du FCE une organisation patronale apolitique. Le Forum des chefs d’entreprise doit agir dans son cadre naturel qui est l’économie.
Mon programme FCE FORT (Force de proposition, Organisé, Reconnu et Transparent) comprend une série de mesures visant au développement en région, la décentralisation de l’action du Forum en local, le traitement des problématiques liées au développement des PME et des TPE, l’accompagnement des entreprises à l’exportation et l’internationalisation notamment vers l’Afrique.
Nous devons également accompagner les grands champions, ces entreprises leaders dans leurs secteurs d’activités.
C’est un programme ambitieux qui comprend également des mesures de soutien à l’entreprenariat féminin et à Jil FCE, qui est l’entité du Forum dédié à l’entreprenariat des jeunes.
Vous comptez maintenir Jil FCE ?
Bien entendu, il faut le maintenir et le renforcer car c’est un des acquis importants du Forum. Les mécanismes dédiés à l’expertise et à la formation sont eux aussi des acquis majeurs que nous devons préserver et renforcer.
Mon programme d’actions prévoit aussi le renforcement et l’élargissement de la palette des services au profit des membres. Nous devons nous concentrer sur un rôle premier d’une organisation patronale qui est l’écoute et l’accompagnement des chefs d’entreprise.
A propos du premier point de votre programme qui est de faire du FCE une organisation apolitique, que prévoyez-vous ? Irez-vous jusqu’à interdire aux membres de s’engager en politique ou de se porter candidat à une élection ?
L’engagement en politique et la participation à une élection relève de la liberté de chaque citoyen. Nous n’allons pas nous immiscer dansces questions. Il faut avant tout faire respecter les statuts du FCE et appliquer et être légaliste en appliquant la loi qui interdit aux associations de faire de la politique.
Celui qui veut faire de la politique peut le faire en dehors du FCE.
Il est temps aussi que le monde de la politique prenne ses distances avec le monde des affaires…
Je ne peux pas me prononcer sur cette question car c’est une question de volonté personnelle. Chacun est libre de faire ce qu’il veut, nous ne pouvons pas imposer des mesures contraires à la loi et au principe de liberté individuelle. Nous ne devons pas complexer les gens qui font de la politique, c’est tout à leur honneur s’ils considèrent participer au développement de la société en s’engageant en politique de façon transparente et saine.
Pour ma part, je dis juste que le FCE ne doit plus être utilisé à des fins politiques. Nous avons vécu une période très difficile lorsque le Forum s’est immiscé dans la sphère politique, nous devons tirer les conséquences de ces actes et faire en sorte que cela ne se reproduise plus. L’éloignement du monde politique est une demande unanime des membres du FCE.
En matière de développement de l’économie et de la libre entreprise, est-ce qu’il vous semble nécessaire d’exiger l’ouverture de certains secteurs aux opérateurs privés algériens. Je pense notamment à l’énergie, aux banques ou encore au secteur de l’aérien ?
La liberté d’investir et de commercer est un droit constitutionnel. Il est scandaleux que certains secteurs soient soumis à des agréments ou soient totalement fermés aux investisseurs privés nationaux.
L’Etat doit jouer son rôle de régulateur en imposant des lois et des règles pour des secteurs sensibles. Il ne peut pas interdire. D’ailleurs l’interdiction crée des monopoles et déstabilise le marché. L’ouverture du marché sans discrimination aura des conséquences bénéfiques immédiates sur l’économie nationale.
Nous devons également mettre un terme à l’instabilité législative et réglementaire. C’est un des facteurs qui bloque les investissements et fait fuir les potentiels investisseurs, qu’ils soient Algériens ou étrangers.
La construction d’une nouvelle République doit aller de pair avec la construction d’une nouvelle économie.
Dans ce processus, le FCE doit jouer son rôle de porteur de la voix des chefs d’entreprise vers les autorités. Nous sommes une organisation apolitique et nous resterons un partenaire des pouvoirs publics en matière de développement de l’économie et de la défense du monde de l’entreprise. Il faut savoir discuter et agir tout en gardant son indépendance et son autonomie.
Sami Agli, président du FCE, ira-t-il siéger à la Tripartite ? Ou bien considérez-vous que ce cadre est aujourd’hui dépassé et que le FCE et l’UGTA n’y ont fait que de la figuration ?
Espérons que les choses changent à l’avenir. Il est hors de question de faire de la figuration lors des Tripartites. Soyez certains que nous irons défendre les intérêts des chefs d’entreprise, quelle que soit la rencontre à laquelle nous serons conviés. Notre rôle sera de porter fidèlement la voix de nos membres.