Une cyberattaque de grande ampleur et de portée mondiale a visé mardi de grandes entreprises et des services publics dans plusieurs pays, notamment en Russie, en Ukraine, en France, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, au Danemark et en Norvège.
En France, Saint-Gobain a fait état d’une tentative de piratage informatique à grande échelle mais a indiqué que le problème était en cours de résolution. « Par mesure de sécurité, afin de protéger nos données, nous avons isolé nos systèmes informatiques », a dit une porte-parole du groupe de matériaux de construction.
Le groupe danois de transport maritime A.P. Moller-Maersk a signalé lui aussi une cyberattaque qui a mis à l’arrêt ses systèmes informatiques dans plusieurs régions. Aux Pays-Bas, 17 terminaux maritimes pour conteneurs de la compagnie APM Terminals, filiale de Maersk, ont été touchés par une panne informatique, deux à Rotterdam et quinze ailleurs dans le monde.
A Londres, WPP, le plus grand groupe de publicité mondial, a rapporté être lui aussi la cible de pirates informatiques. « Les mesures adéquates sont prises » pour y faire face, dit-il. En Norvège, une attaque informatique à l’aide d’un logiciel malveillant est en cours dans « une compagnie internationale », disent les autorités sans l’identifier. Elles évoquent des similitudes avec l’attaque visant Maersk.
« WANNACRY »
A Moscou, le géant pétrolier russe Rosneft a fait savoir sur Twitter que ses serveurs avaient été touchés par une cyberattaque mais que sa production n’était pas affectée. Le sidérurgiste russe Evraz a aussi été visé et dit de même que sa production n’a pas été touchée.
Une cyberattaque là aussi de grande ampleur, et qualifiée à Kiev de « sans précédent », a visé en Ukraine des banques, des entreprises, des firmes d’Etat et jusqu’au réseau informatique du gouvernement. « Nous avons nous aussi perdu le réseau, » a fait savoir le vice-Premier ministre Pavlo Rozenko sur Facebook. Il a publié sur Twitter une photo montrant un écran d’ordinateur avec un message d’erreur.
La banque centrale a dit qu’un « virus d’origine inconnue » avait entraîné des difficultés de fonctionnement dans plusieurs banques du pays. Elle a souligné que des mesures étaient en place pour éviter des fraudes et que les données personnelles des clients n’étaient pas menacées. La compagnie nationale d’électricité Ukrenergo a fait état d’une cyberattaque mais a dit que la distribution d’électricité dans le pays n’était pas affectée.
Un conseiller du ministère ukrainien de l’Intérieur, Anton Gerashchenko, a déclaré sur Facebook que la cyberattaque, la pire jamais vue en Ukraine, avait été causée par une version du virus « WannaCry », appelée « Cryptolocker ». Le virus « WannaCry » est un « rançongiciel » qui a infecté plusieurs centaines de milliers d’ordinateurs dans le monde le mois dernier. Ce virus empêche l’utilisateur d’un ordinateur d’accéder à ses fichiers et documents et réclame le paiement d’une somme d’argent pour rétablir cet accès.
L’Ukraine a rapporté dans le passé de nombreuses cyberattaques, 6.500 au cours des seuls mois de novembre et décembre derniers, que Kiev impute aux autorités russes et dont Moscou dément être à l’origine. Un haut responsable ukrainien expliquait en février que des pirates informatiques de l’Etat russe avaient mis au point un nouveau type de virus pour attaquer en Ukraine des infrastructures, comme le réseau d’électricité ou le système financier. Exactement ce qui s’est produit mardi.