Le spécialiste du monde de travail M. Nouredine Bouderba a vivement critiqué la démarche de la direction de Numilog qui a procédé au licenciement de 196 travailleurs exerçant à Bejaia.
‘’196 travailleurs de Numilog, une filiale de Cévital, viennent d’être destinataires de décisions de licenciement suite à une série de grèves cycliques de 03 jours observées hebdomadairement. Sur le fond, cette grève, soutenue par l’union de wilaya UGTA de Béjaia avait pour seules revendications des points de droit) qui auraient dû être réglés par l’inspection du travail et la justice si l’administration du travail avait fait correctement son travail’’, lit-on dans sa contribution postée sur sa page facebook.
Sur la forme, ces décisions de licenciement ont été prises en violation flagrante de la législation du travail, accuse l’expert. ‘’Numilog se donne le droit de se substituer à la justice en motivant les licenciements par l’attendu suivant : « vu le report de l’affaire en justice; ». L’entreprise était dans l’obligation d’attendre la décision finale de la justice d’autant plus que les travailleurs concernés étaient sous le coup d’une suspension à titre conservatoire en attendant la décision de justice’’, note-t-il.
Selon Bouderba, la loi oblige l’employeur à motiver tout licenciement par la détermination de la faute professionnelle commise par le travailleur et sa qualification en référence à la loi et au règlement intérieur de l’entreprise.
Hors, d’après lui toujours, la décision de licenciement ne définit nullement la faute qu’aurait éventuellement commise le travailleur sanctionné. ‘’Elle se limite à énumérer, en général, des dispositions du règlement intérieur sans mettre en évidence leur éventuel lien avec un acte qu’aurait pu commettre le travailleur’’, précise-t-il.
En motivant le licenciement par une disposition général du règlement intérieur « Tout acte ou comportement qui causerait des dommages à l’intérêt de l’entreprise, à ses associés, à leur réputation et à leur image », Numilog justifie cette sanction par des actes auxquels le travailleur est complètement étranger, souligne-t-il.
‘’il est très aisé d’imaginer des milliers d’actes et comportements susceptibles de nuire à Numilog et à ses associés mais n’ayant aucun lien avec travailleurs ici sanctionnés’’, déplore la même source.
Par ailleurs le deuxième motif invoqué par la décision « participer à un arrêt de travail collectif et consulté en violant les dispositions législatives en vigueur en pareille matière » est un motif illégal et abusif, affirme l’expert
Ce dernier rappelle que la loi algérienne ne permet pas de sanctionner un travailleur ayant participé à un arrêt de travail collectif et « consulté » mais elle sanctionne un « arrêt de travail collectif et « concentré » observé en violation des dispositions légales.
En conclusion, il appelle les autorités du pays, l’inspection du travail et la justice à mettre fin à cette situation qu’il qualifie de ‘’non droit’’ en faisant ‘’annuler toutes les décisions de licenciement injustes et illégales et en faisant respecter le droit syndical, le droit de grève et le droit de participation’’.