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Maghreb

Omar al-Hassi, un pro-islamiste chargé de former un 2e gouvernement en Libye

Par Yazid Ferhat
août 26, 2014
Omar al-Hassi, un pro-islamiste chargé de former un 2e gouvernement en Libye

 

L’Assemblée libyenne sortante, réunie ce lundi à Tripoli, a chargé un pro-islamiste de former un «gouvernement de salut national», dans un geste de défi au cabinet provisoire installé dans l’extrême est du pays et qui semble incapable de reprendre la main face aux milices semant le chaos. Omar al-Hassi aura une semaine pour former un gouvernement.

 

«Le Conseil général national (CGN) a démis Abdallah al-Theni de la tête du gouvernement et chargé Omar al-Hassi de former, dans un délai d’une semaine, un gouvernement de salut» national, a annoncé le porte-parole de cette assemblée, Omar Ahmidane, rapporte l’AFP. Le premier ministre désigné par le CGN, Omar al-Hassi, professeur de sciences politiques à l’Université de Benghazi (est), avait été candidat malheureux lors de l’élection par le CGN en juin d’un chef de gouvernement. Le CGN avait alors élu Ahmed Miitig, mais cette nomination avait ensuite été invalidée par la justice, permettant à Abdallah al-Theni de rester à son poste.

Les islamistes accusent le gouvernement et le Parlement d’être complices des raids aériens contre leurs hommes, menés selon eux par les Émirats arabes unis et l’Égypte, lors de combats pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli, fermé depuis le 13 juillet. La situation dans le pays, en proie à l’anarchie depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, risque ainsi de devenir encore plus complexe : la Libye pourrait se voir doter de deux gouvernements concurrents, parallèlement à ses deux Parlements rivaux. La réunion de Tripoli a été convoquée par les islamistes, qui dominent l’assemblée sortante et contestent toute légitimité au nouveau Parlement, où ils sont minoritaires. Issu des élections de juin, ce dernier siège à Tobrouk, à 1600 km à l’est de la capitale libyenne, tout comme le gouvernement provisoire, en raison des violences secouant une grande partie du pays. Le CGN considère que gouvernement et Parlement ont ainsi «perdu toute légitimité», a indiqué M. Ahmidane, en soulignant que l’assemblée sortante soutient les «opérations légitimes destinées à achever la libération du pays», en faisant référence à l’offensive des islamistes contre les miliciens nationalistes autour de l’aéroport de la capitale.
La résidence de Abdallah Al-Theni à Tripoli pillée

De son coté, Abdallah Al-Theni a rejeté l’annonce de l’Assemblée sortante, affirmant que la réunion qui est à l’origine de son destitution, était illégale, ses décisions sont illégales et le seul corps législatif légal « est le Parlement» élu le 25 juin. Lors de ce scrutin, les islamistes ont subi un sérieux revers en obtenant seulement 20 des 200 sièges parlementaires.
Le Parlement a qualifié ce week-end de «terroristes» les milices islamistes et les djihadistes qui contestent sa légitimité et affirmé son intention de les combattre. Le chef du gouvernement provisoire libyen, Abdallah al-Theni, a indiqué lundi que sa résidence à Tripoli avait été pillée et incendiée par des miliciens islamistes, dans une conférence de presse à Tobrouk (est), retransmise par une télévision locale. «C’est l’une des demeures de nombreux Libyens qui ont subi le même sort», dans un quartier du sud de Tripoli, a déclaré M. Theni, en accusant les miliciens islamistes de «Fajr Libya» (Aube de la Libye) de ces exactions.
Depuis le 13 juillet, Tripoli est le théâtre d’affrontements sanglants entre les groupes islamistes armés et les milices « pro-laïques », les deux camps cherchant à prendre le contrôle de l’aéroport international de Tripoli.
Appel à l’arrêt immédiat des actes de violence et au désarmement des milices

Réunis lundi au Caire, les ministres des Affaires étrangères des six pays voisins de la Libye, dont l’Algérie, ont appelé, hier lundi, à l’arrêt immédiat des actes de violence et au désarmement simultané de toutes les milices, a indiqué RFI. Les pays directement menacés par le chaos libyen ont tenu à souligner au Caire qu’ils étaient les principaux intéressés par ce qui se passait dans l’ex-Jamahiriya, selon l’analyse de la correspondante de RFI dans la capitale égyptienne. Ils ont souligné dans leur communiqué final qu’ils devaient être « partie prenante essentielle dans toute initiative régionale ou internationale sur la Libye ». Un message implicitement adressé à l’Occident accusé par plusieurs chefs de diplomatie d’avoir abandonné la Libye au chaos après son intervention militaire, mais aussi au Qatar qui soutient certaines milices islamistes.
Un chaos devenu transfrontalier et qui menace de déstabiliser les voisins de la Libye, tant par la contrebande d’armes que par les actes terroristes des milices jihadistes contrôlant plusieurs régions importantes du pays. La réunion du Caire a aussi été l’occasion pour l’Algérie, l’Egypte et la Tunisie de renforcer « une coopération stratégique » sur la Libye. L’option militaire est exclue pour l’instant, comme l’a souligné le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

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