L’Irak a besoin de revenus pour se reconstruire, rappelle l’économiste algérien, et ses capacités de production demeurent largement inexploitées. Quant aux Etats-Unis, leur nouveau président est déterminé à subventionner les gisements de schiste dits « marginaux ».
Le Pr Abderrahmane Mebtoul a estimé, dans une déclaration à Maghreb Emergent, que l’Irak pourrait représenter une sérieuse menace pour l’accord conclu le 30 novembre 2016 au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et portant sur la réduction de sa production. Il faisait référence à l’augmentation de la production irakienne en décembre 2016 de 43.000 barils par jour (bj) à 4,6 millions de barils par jour (mbj), augmentation révélée par le rapport mensuel de l’Opep rendu public hier.
Selon ce rapport, l’Algérie, l’Arabie Saoudite, l’Equateur, le Gabon, le Nigeria, le Qatar, les Emirats Arabes Unis et le Venezuela ont réduit leur production, mais ce n’est pas le cas d’autres producteurs. Ainsi, la production irakienne a augmenté de 43.000 b/j à 4,6 mbj, la production iranienne de 10.000 b/j à 3,7 mbj et la production koweïtienne de 2.000 bj à 2,8 mbj.
L’accord du 30 novembre 2016 vise une baisse de la production de l’Opep à 32,5 mbj.
« L’Irak, l’Iran et la Libye : des menaces pour l’accord du 30 novembre 206 »
« L’Irak a besoin de se construire et est donc tenté de vendre plus de pétrole », a rappelé l’économiste algérien : « Ce pays a la possibilité de produite jusqu’à 7 mbj. Un pas qu’il n’hésitera vraisemblablement pas à franchir dès qu’il en aura la possibilité. » Et d’ajouter que le coût de production du pétrole irakien, « qui est de meilleure qualité que celui saoudien », est « 20% plus bas ».
Selon Abderrahmane Mebtoul, l’Iran et la Libye sont des pays qui sont, toutes proportions gardées, dans la même situation que l’Irak, avec un retard à rattraper et des économies à reconstruire. Cependant, le pays qu’il faudrait craindre le plus est les Etats-Unis, a-t-il souligné, faisant référence à la volonté du nouveau président américain de subventionner les gisements de schiste dits « marginaux », ce qui rendrait les choses plus compliquées pour l’Opep et ses projets de stabilisation des cours mondiaux du brut.
Pour cet ensemble de raisons, prédit l’économiste algérien, l’accord conclu au sein de l’Opep le 30 novembre 2015 ne devrait pas être reconduit après juin 2017 si le baril reste entre 53 et 55 dollars : « Dans l’Etat actuel des choses, il est difficile de prévoir si le prix du pétrole restera autour des 55 dollars d’ici le mois de juin prochain car les fluctuations des prix dépendent de nombreux paramètres. »
« La production russe ne fait que retourner à son niveau ancien »
Abderrahmane Mebtoul estime que l’implication de la Russie dans l’accord Opep-non Opep sur la réduction de la production doit examinée à la lumière de la forte augmentation de la production russe durant l’année 2016. « En janvier 2016, la production de la Russie était de 10,3 millions de barils et en octobre de la même année elle avait atteint les 11,3 millions de barils. En s’engageant à baisser sa production, la Russie a pris comme référence sa production du mois d’octobre et pas celle de janvier », a-t-il observé.
La production russe de pétrole et de condensats a été de 11,1 millions bpj en moyenne du 1er au 8 janvier, contre 11,21 millions en décembre et 11,247 millions en octobre. Selon le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, son pays compte réduire sa production pétrolière de 200.000 bpj au 1er trimestre puis de 300.000 bpj plus tard