Le ministre algérien de l’Industrie et des mines Abdeslam Bouchaoureb possède une société offshore basée à Panama, a révélé une fuite massive de documents détaillant les propriétés offshore de nombreux chefs d’Etat, politiciens et personnages publics partout dans le monde.
Les documents, obtenus par le journal allemand Suddeutsche Zeitung et publiés également aujourd’hui par The International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ), révèlent que 140 hauts responsables à travers le monde dont les présidents de l’Argentine, de l’Ukraine, des Emirats Arabes Unis, le roi Salmane d’Arabie Saoudite, possèdent des entreprises offshore créées par le cabinet Mossack Fonseca, basé à Panama.
« Royal Arrival Corp », l’entreprise dont M. Bouchouareb est le propriétaire depuis juillet 2015 selon ces documents, est basée à Panama. Il en est le seul propriétaire et la gère via une société basée au Luxembourg appelée Compagnie d’Etude et de Conseil (CEC).
« Royal Arrival Corp » est spécialisée dans la représentation commerciale et la négociation, les contrats commerciaux, les travaux publics et le transport maritime et ferroviaire. Elle est active en Algérie, en Turquie et au Royaume Uni, a indiqué le ICIJ qui cite des emails envoyés par CEC au cabinet Mossack Fonseca d’où les documents ont été fuités.
Le ministre algérien détient, à travers cette entreprise, un compte dans la banque suisse NBAD Private Bank SA. Selon la même source, l’entreprise financière luxembourgeoise qui a créé « Royal Arrival Corp » pour Bouchouareb a confirmé qu’il en est le propriétaire, en ajoutant qu’elle « a été créée en toute transparence » pour « gérer des biens que le ministre a hérités ».
Vu son poste de ministre, « nous avons décidé, avec son aval, de différer toute activité de l’entreprise. L’ouverture du compte à la NBAD de Genève n’a jamais été finalisée. M. Bouchouareb nous a demandé de geler cette société tant qu’il occupait le poste de ministre », a ajouté la même source.
Une dimension planétaire
Plus de 100 rédactions dans 76 pays participent sous la coordination du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) à l’analyse et le traitement de ce qu’on appelle les Panama Papers, une masse de plus 11 millions de fichiers du cabinet panaméen Mossack Fonseca dont la spécialité des domiciliations off-shore.
Mossack Fonseca est des plus grands créateurs d’entreprise Off-Shore au monde avec des centaines d’employés dans des bureaux installés sur tous les continents et surtout dans les paradis fiscaux.
Son dirigeant Ramon Fonseca, associé à Jürgen Mossack, un Panaméen d’origine allemande, a dû démissionner récemment de son poste de conseiller du président du Panama après des soupçons d’implication dans le scandale de corruption de Petrobas qui secoue le Brésil.
La méga-fuite des documents – sans précédent dans l’histoire en termes de quantité – donne à cette affaire une dimension planétaire. Le traitement des dossiers montre qu’au milieu des noms peu connus, figurent aussi des célébrités, des chefs d’Etats et des sportifs.
C’est, du point de vue journalistique, un séisme qui peut provoquer des répliques dans l’ensemble des pays. Et pour cause, ce sont plus de 200.000 entités offshores qui ont été créées par ce cabinet entre 1977 et 2015.