Le retour du crédit à la consommation en Algérie est conditionné à la mise en place de »garde-fous » contre le surendettement des ménages, estime le ministre des finances, M.Karim Djoudi. Cette déclaration vient recadrer celles du ministre du commerce, M.Mustapha Benbada, qui avait annoncé en fin de semaine dernière le retour du crédit à la consommation, pour les produits locaux.
Le crédit à la consommation avait été supprimé en 2009 sur décision du gouvernement de Ahmed Ouyahia, afin de stopper la boulimie consommatrice des ménages algériens et, par la même occasion, la hausse de la facture des importations de véhicules, vers lesquels une partie de l’endettement domestique avait été orienté. Dimanche, le ministre des finances Karim Djoudi a annoncé qu’il n’y aura pas de retour du crédit à la consommation sans la mise en place d’une centrale des risques. Il a déclaré, en marge de la clôture de la session d’automne du parlement, que le retour du crédit à la consommation ne peut être envisagé que lorsqu’il y aura »la mise en place d’une centrale des risques qui permet de réduire les risques de surendettement des ménages et les risques de faillite ». Il a indiqué que c’est la Banque d’Algérie qui travaille actuellement sur la mise en place de cette centrale des risques. »Le gouvernement n’a aucun problème avec le retour du crédit à la consommation, à condition de créer une centrale des risques », a-t-il dit.
Amender la LFC de 2009
En fin de semaine dernière, M. Benbada avait annoncé le retour du crédit à la consommation, mais au seul bénéfice des produits locaux, dont la future voiture qui sortira de l’usine Renault d’Oran. Selon le ministre, cette décision figurait parmi les conditions négociées lors des travaux du groupe de travail chargé de la relance des crédits à la consommation. La prochaine réunion de la tripartite (gouvernement-patronat-syndicat) discutera notamment des modalités du retour au crédit à la consommation, a assuré le ministre. Pour autant, »la relance du crédit à la consommation aura lieu dans le cadre de la loi de finance complémentaire 2014 ou la loi de finances 2015, car il faut d’abord amender l’article 75 de la LFC 2009 qui a annulé ce type de crédit », a précise M. Benbada.
La valeur des produits proposés au crédit à la consommation devrait être ainsi, selon une proposition, de 300.000 à 700.000 dinars. En 2008, une année avant le gel du crédit à la consommation, les banques avaient accordé des crédits à la consommation à hauteur de 100 milliards de dinars au profit des ménages, dont 80% ont été absorbés par le crédit automobile. Une situation qui a provoqué une explosion des importations de véhicules et de pièces de rechange à hauteur de 3,7 milliards de dollars durant la même année de 2008.