A l’image des autres pays du Maghreb, le Maroc s’apprête comme chaque été, à accueillir ses citoyens établis à l’étranger.
Plus communément appelés MRE (Marocains résidant à l’Etranger) ou Zmagriya, ils ont été plus de 5 millions à se rendre dans leur pays d’origine l’année dernière, soit la moitié des touristes ayant visité le voisin de l’Ouest. L’augmentation constante de ce nombre est le fruit d’une approche volontaire est bien ciblée de la part des autorités marocaines. Cette stratégie se décline selon le profil de MRE qui est ciblé, mais les objectifs restant les mêmes : Attirer les capitaux et d’entretenir la réputation de tout un pays.
Qui sont ces marocains de l’étranger ?
Il y’a d’abord les émigrés de première génération, ouvriers et descendants d’ouvriers partis dans les années 70-80 en Europe. De condition souvent modeste, ils sont originaires du Rif, de l’Atlas ou du Souss, leurs pays d’accueil varient selon leur région d’origine ; la Belgique et Pays bas accueillent les rifains, l’Espagne les nordistes, l’Italie les Tadlaouis et la France les Merrakchis. Les membres de ces communautés se rendent au Maroc le plus souvent en voiture, après une traversée éprouvante de l’Europe et du Détroit de Gilbraltar. Leurs vacances sont un retour aux origines, même quand la famille a quitté le Maroc depuis 40 ans et qu’on ne parle ni le Français ni l’Arabe.
La seconde catégorie de Marocains s’est installée en Europe depuis moins longtemps : ce sont ceux qui sont partis poursuivre leurs études en Europe ou en Amérique du Nord et qui ne sont pas rentrés au pays. Ils sont diplômés des grandes écoles et Universités, bien intégrés dans leur pays d’accueil et appartiennent le plus souvent à la classe moyenne supérieure. Le Maroc est plus présent pour cette frange de MRE. Ils y ont grandi, ils y ont leur Famille proche, mais il reste un pays qu’ils ont quitté par choix. Une histoire d’amour contrariée donc. Que Font les autorités marocaines pour attirer les MRE, leur sympathie et leur Argent ?
Pour les vacanciers d’abord
Comme chaque année au début de l’été, le plan Marhaba est lancé. Parrainé par le Roi, il est l’œuvre de la fondation Mohamed V – présidée aussi par MVI.
Le plan Marhaba est un dispositif complet ayant pour but la facilitation du voyage des 2 millions de MRE qui rentrent au Royaume en voiture. L’accueil se fait dans des centres aux postes frontaliers et même aux ports de départ. Tout y est : soins, aires de repos, aide administrative, douane, bureaux de change… vous MRE êtes les bienvenus, le Maroc et votre souverain vous accueillent, a bras ouverts.
Pour les MRE qui en ont les moyens, une campagne de communication du Produit Maroc est permanente : les plages, la nature, les hôtels de luxe, les festivals, les traditions… tout est bon et les vacances d’été c’est mieux au pays.
Enfin, les acteurs majeurs de l’économie locale se mettent au diapason du MRE-Roi durant l’été. Les compagnies aériennes (RAM et AirArabia) multiplient les offres et les nouvelles lignes, les opérateurs mobiles réduisent leurs tarifs, communiquent en berbère ou en Italien, et prennent d’assaut les arrivées des ports et Aéroport. Enfin, les banques vantent leurs bons taux de change, l’étendue de leur réseau et la fiabilité de leurs systèmes de Transfert.
Un peu plus que les vacances.
Sous Mohammed VI, le Maroc déploie beaucoup d’efforts pour perpétuer et renforcer le lien du Maroc avec les MRE, « les Marocains du Monde » selon le jargon officiel.
Un Ministère délégué leur est consacré. Il est la courroie de transmission entre les différents départements et administrations basées au Maroc et les antennes à l’étranger. Sur son site internet, on y détaille sa stratégie : culturelle, administrative, financière, règlement de contentieux etc. Tout y est pour continuer à se sentir Marocain, investir au Pays et même pourquoi pas déclencher un retour définitif.
Le système financier est un autre instrument de poids dans l’attractivité du Maroc. L’épargne des MREs est convoitée, car elle pèse beaucoup dans les réserves de changes. En 2016, elle a été en 6 milliards d’euros.
Enfin, les MRE sont des ambassadeurs que les autorités Marocaines utilisent à outrance pour positionner leur pays, un exemple « de paix et de réussite », dans un monde Arabo musulman tourmenté. S’ils aiment le Maroc, ils le feront aimer. Jamel, RedOne, Gad El Maleh ou Ali Baddou sont des MRE-stars, des amis du Roi, qui ne ratent jamais de rappeler leur engagement auprès de leur pays d’origine. Il y’a aussi les millions d’anonymes, chefs d’entreprise, cadres, sportifs, ou de simples citoyens européens qui font la promotion de « la réussite » et de « la singularité » du royaume chérifien, pays que leurs parents avaient fui.