Pendant ce temps au Maroc: Mohamed VI s’essaye à l’autre Afrique - Maghreb Emergent

Pendant ce temps au Maroc: Mohamed VI s’essaye à l’autre Afrique

Facebook
Twitter

L’évènement de la semaine au Maroc était la tournée de Mohamed VI au Nigéria et en Afrique de L’Est : au Rwanda, en Tanzanie et en Ethiopie. Décryptage.

La presse marocaine relayait l’activité royale heure par heure, rencontre par rencontre et paraphe par paraphe. Oui, la presse marocaine en fait souvent des tonnes (quand il s’agit de MVI à l’étranger, c’est le consensus) mais en y regardant de plus près, cette tournée est intéressante car il y’a double enjeu.
Diplomatique premièrement. MVI a visité des pays qui ne font pas partie de la françafrique et donc éloignés du prolongement de la diplomatie marocaine en Afrique.
Le Rwanda d’abord. Avec Paul Kagamé, Mohammed VI croit a trouvé un dirigeant africain qui lui est semblable : il a une vision, il est dans son époque et il modernise son pays a marche –presque forcée-. Les deux pays sont choyés par les institutions internationales, sont les stars des classements et appréciés par les expatriés occidentaux. Les deux chefs d’Etats veulent de ce fait, former un axe de dirigeants Africains modernes, malgré un passé récent des deux pays diamétralement opposés. Cet axe semble fonctionner au vu du déroulement du dernier sommet de l’UA a Kigali, car le royaume a besoin de soutiens sur la question du Sahara occidental et ses hôtes semblent vouloir l’aider.

Le Roi ne voyage pas seul

Economique deuxièmement. Si l’effet d’annonce est une pratique Maghrébine, au Maroc il est plus souvent suivi d’action concrètes : la plupart des hommes d’affaires algériens en conviendront, les marocains sont réellement présents en Afrique subsaharienne et y font de vraies affaires de surcroit. Jusque la confinés à l’ouest du continent, la visite du roi dirige le flux des «investissements » vers l’Est. De quoi et de combien parlons-nous ? Le Roi ne voyage pas seul : tous les hommes (et une femme) d’Affaires de premier plan sont du voyage. Ils peuvent être ministres aussi – le Maroc est un pays qui n’a pas peur d’afficher au grand jour le douteux mélange affaires et politique- MM. Alami & Akhanouch, par exemple sont respectivement, ministres de l’industrie et Ministre de l’agriculture et a la tête de Saham (conglomérat d’assurance, santé, immobilier) et de AKWA (distribution de carburant et de Medias entre autres)
Le souverain est lui-même à la tête du plus grand fond d’investissement du royaume, la SNI, propriétaire de notamment Attijariwafabank, Marjane, INWI.
Enumérons : Attijariwafabank rachète une des plus grandes banque du Rwanda, la Cogebanque et du coup, tous son réseau Est-Africain. L’OCP (société nationale du Phosphate) qui se positionne comme leader des fertilisants, les énergies renouvelables, le tourisme ou encore l’immobilier.

Une moisson d’accord et Hoceima en toile de fonds

En tout 19 accords ont été signés à Kigali (Logements, Logistique, santé) et 22 en Tanzanie, et les observateurs en espéraient autant en Ethiopie… mais voila, une réalité marocaine a refait surface et de manière dramatique, brutale. Nous ne parlerons pas de l’inculpation de Saad Lamjarred, affaire qui suit son cours dans la justice française, mais du drame d’El Hoceima.
Pouvons-nous lier ces deux évènements dans une chronique ? Certainement.
Mohamed VI et son entourage veulent montrer une image d’un Maroc moderne, conquérant et qui réussit. Ce Maroc exporte ses succès –souvent réels- mais qui demeurent profitables aux majors, aux puissants. Le Maroc gagne avec La BMCE Bank of Africa, l’OCP, Attijari ou SAHAM. Mais Mouhcine Fikri perd et meurt.
Les centaines de milliers de Marocains le savent et c’est pour cette raison qu’ils manifestent leur colère. Ce pauvre vendeur de poisson est mort de manière atroce, car il n’a pas respecté la loi. S’il ne respecte pas la loi pour gagner sa vie c’est que le système est bloqué. Et si un policier ou un responsable a le droit de confisquer, saisir ou tuer impunément c’est que le système le permet.
Cela s’appelle du despotisme local. Ce despotisme a été grisé par les succès amplifiés de la monarchie-business. Le Maroc gagne, il faut être remercier dieu, respecter les ordres et la fermer.

Ils ne supportent plus la Hogra

Les Mouhcine sont malmenés, expulsés et exclus tous les jours. C’est la faute de ceux « limabghawch chaab y3ich ». Le lecteur algérien ira vite en besogne en désignant la monarchie et sa tête MVI. Mais ça serait méconnaitre la réalité. Si l’amour du peuple marocain pour son souverain est réel, la détestation de son système est encore plus réelle.
Les manifestations actuelles le prouvent, de même que celles organisées après la libération du pédophile Espagnol, le peuple marocain ne supporte plus la hogra. Et le fait savoir.
L’observateur averti sait que ce n’est pas le début d’un scénario a la tunisienne, mais c’est un nouvel avertissement a ceux qui ignorent le peuple. L’avenir nous montrera la capacité des décideurs à comprendre le message du peuple et de prendre les mesures nécessaires.

Facebook
Twitter