Au cours des investigations entamées par la commission d’enquête parlementaire, pour tenter de trouver l’origine de la pénurie de plusieurs produits alimentaires, notamment l’huile de table, plusieurs anomalies ont été constatées.
Selon les déclarations d’un membre de la commission chargée de l’enquête, l’huile de table algérienne passe de l’autre côté des frontières du Sud du pays. « La contrebande malienne achète le produit et le revend aux habitants des frontières à un prix dépassant trois fois celui de la norme », a déclaré ce membre du parlement à la presse.
Lors du déplacement de la commission dans les wilayas du sud, les habitants de Timimoun, de Bordj Badji Mokhtar et de Timaouine, se sont plaints du manque de produits alimentaires de première nécessité, notamment de l’huile de table. Les citoyens de ces localités traversent plusieurs kilomètre pour acquérir l’huile au prix fort, selon la même source.
Manigances des producteurs et des grossistes
Outre ce constat, l’enquête parlementaire a aussi révélé que des producteurs de l’huile de table préfèrent produire à partir de matière première importée, alors que cette même matière est produite localement. Selon la même source, cette préférence aux produits importés, est due à l’avantage des indemnités offertes par les pouvoirs publics, dans le cadre du soutien aux matières premières importées pour l’industrie locale.
Cette situation a fait que les producteurs de l’huile n’achètent plus leurs matières de base à partir de l’usine d’Oran et de Maskara, dans l’ouest du pays. « Ce qui a poussé ces producteurs de matières premières à exporter leur produits, par manque d’acheteurs au niveau national », explique le membre de la commission.
Par ailleurs, une autre raison vient s’ajouter à la pénurie de l’huile de table sur le marché. A l’Est du pays, la commission parlementaire a constaté que les grossistes de plusieurs wilayas de la région, notamment celle de Sétif, refusent de s’alimenter en huile de table.
Les commerçants de cette région, qui connait une forte dynamique dans les échanges de produits alimentaires, refusent d’engager un fort capital financier pour un produit, dont la marge bénéficiaire est très réduite. En plus du fait qu’ils soient obligés d’acheter cette marchandise avec facturation, ce qui signifie le payement des taxes.
Selon le parlementaire, ces grossistes ne veulent pas appliquer le décret exécutif n°77, qui oblige le commerçant à vendre l’huile de table à un prix fixé et plafonné par l’Etat.
Rappelons que le Conseil de la nation avait décidé le 8 janvier dernier, de mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur la pénurie de produits de large consommation en vue de contrer les manœuvres des spéculateurs. Un rapport détaillé sur les vérités concernant la pénurie d’huile de table sera «prochainement élaboré et transmis aux instances de tutelle», selon les déclarations du président de la commission des affaires économiques, de développement et du commerce à l’Assemblée populaire nationale, Smaïl Kouadria.