Les perspectives mondiales de l’emploi vont se détériorer dans les cinq prochaines années, avertit un nouveau rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), rendu public ce mardi.
Selon le rapport de l’OIT, plus de 201 millions de personnes dans le monde étaient au chômage en 2014, soit plus de 31 millions de plus qu’avant le début de la crise mondiale. « Et le chômage devrait s’accroître de quelque 3 millions de personnes dans le monde en 2015 et de 8 millions supplémentaires dans les quatre années suivantes », précise un résumé du rapport.
Le déficit d’emplois dans le monde, qui fait état du nombre d’emplois perdus depuis le début de la crise, se chiffre actuellement à 61 millions de personnes. « Si l’on prend en compte ceux qui vont arriver sur le marché du travail ces cinq prochaines années, ce sont 280 millions d’emplois supplémentaires qu’il importe de créer d’ici à 2019 si l’on veut combler ce déficit », estiment les rédacteurs du rapport.
Le chômage des jeunes et le malaise social
Selon eux, le taux de chômage des jeunes est de trois fois supérieur à celui des adultes. « Cette situation exacerbée du chômage des jeunes est le fait de toutes les régions et ce, malgré l’amélioration tendancielle du niveau d’instruction, ce qui ne fait qu’alimenter le malaise social », expliquent-ils.
Le rapport relève que la situation de l’emploi s’améliore dans certaines économies avancées, mais reste néanmoins préoccupante dans la plupart des pays européens. Dans les économies émergentes et en développement la situation ne cesse de se détériorer notamment en Amérique latine et les Caraïbes, la Chine, la Fédération de Russie et certains pays arabes.
Dans ce cadre, le rapport note que la chute brutale des prix du pétrole et du gaz, si elle dure, pourrait améliorer les perspectives d’emploi dans de nombreuses économies avancées et dans plusieurs pays asiatiques. A l’inverse, elle va avoir un impact considérable sur les marchés du travail des grands pays producteurs de pétrole et de gaz, surtout en Amérique latine, en Afrique et dans le monde arabe.
Les inégalités de revenu vont continuer de s’amplifier
Par ailleurs le rapport indique que les inégalités de revenu vont continuer de s’amplifier, avec les 10 % les plus riches gagnant 30 à 40 % du revenu total tandis que les 10 % les plus pauvres vont gagner de 2 à 7 % du revenu total. Les rédacteurs du rapport expliquent : « Dans plusieurs économies avancées où les inégalités ont toujours été bien moindres que dans les pays en développement, les inégalités de revenu se sont creusées rapidement après la crise pour atteindre parfois même les niveaux observés dans certaines économies émergentes. Dans les pays émergents et en développement où les inégalités ont diminué de manière générale, les niveaux restent élevés et le rythme d’amélioration s’est considérablement ralenti ».
Selon eux, certaines de ces tendances s’expliquent par le déclin, ces dernières années, des emplois ordinaires destinés aux travailleurs moyennement qualifiés. Un déclin concomitant avec une augmentation de la demande des postes situés aux deux extrémités de l’échelle des qualifications, à savoir les moins qualifiés et les plus qualifiés.
Ces tendances ont miné la confiance dans les gouvernements et maintenu le risque de troubles sociaux à un niveau élevé, met en garde le rapport. L’instabilité sociale est particulièrement aiguë dans les pays et les régions où le chômage des jeunes est élevé ou en hausse rapide.
Crise de confiance dans les gouvernements
Toutefois, relève le rapport, l’augmentation des inégalités a, à quelques exceptions près, sapé la confiance dans les gouvernements. « Cette confiance s’est effritée relativement vite dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, mais aussi dans les économies avancées, en Asie de l’Est et en Amérique latine », précise-t-on. Le rapport indique que les troubles sociaux se sont peu à peu intensifiés alors que le chômage persistait. Ils ont eu tendance à s’apaiser avant la crise mondiale, mais ont repris depuis.
Le rapport conclut que la situation de l’emploi et les perspectives sociales peuvent être dopés en s’attaquant aux principaux dysfonctionnements qui en sont la cause. Les rédacteurs du rapport recommandent ainsi de soutenir la demande globale et les investissements dans les entreprises au moyen notamment de politiques de l’emploi, des revenus, de l’entreprise et de politiques sociales judicieusement conçues ; réorienter le système de crédit vers le financement de l’économie réelle, et surtout des petites entreprises ; réagir fermement face à la faiblesse de la zone euro ; s’attaquer aux vulnérabilités sociales persistantes etc.