Cette évolution du prix du baril de pétrole est le résultat d’une conjugaison de trois facteurs essentiels : l’action concertée des producteurs OPEP et non OPEP, la reprise de la croissance mondiale et le changement de cap de la politique saoudienne, qui a choisi de défendre les prix plutôt que les parts de marché.
Le baril de pétrole WTI boucle mercredi un mois au-dessus de 50 dollars, alors que le Brent est près de boucler, la semaine prochaine, un trimestre, au-dessus de ce seuil symbolique, confirmant la vigueur du marché et redonnant le sourire aux pays exportateurs, satisfaits de voir leur démarche de défense des prix donner des résultats probants.
Mercredi en fin d’après-midi, le WTI était à coté à 51.88 dollars, exactement au même niveau que la veille, après une journée marquée par des hésitations. Il revenait ainsi au niveau qu’il avait atteint entre le 25 et le 27 septembre, lorsqu’il avait légèrement dépassé le seuil des 52 dollars, avant de se stabiliser autour de 50 dollars. Il n’était repassé sous ce seuil que pendant une brève période, durant la seconde semaine d’octobre.
Le Brent, de son côté, réalisait ce mercredi des gains minimes, se contentant de sept cents, à 57.95 dollars, après avoir brièvement passé le cap des 58 dollars. Mais pour le Brent, le plus significatif est qu’il se soit maintenu au-dessus des 50 dollars depuis le 25 juillet, après avoir plongé sous les 44 dollars à la mi-juin.
Facteurs convergents
L’expert pétrolier Mourad Preure était l’un des rares à miser sur une bonne tenue du pétrole pour le second semestre 2017. Il avait estimé que le pétrole terminerait l’année légèrement au-dessous de 60 dollars. Certes, un rééquilibrage du marché était attendu mais la plupart des experts estimaient qu’il aurait lieu un peu plus tard, à cause des excédents de production importants, de l’indiscipline traditionnelle des producteurs et de la vitalité du schiste américain, qui veut s’installer durablement comme régulateur du marché.
Cette évolution du prix du baril de pétrole est le résultat d’une conjugaison de trois facteurs essentiels : l’action concertée des producteurs OPEP et non OPEP, la reprise de la croissance mondiale et le changement de cap de la politique saoudienne, qui a choisi de défendre les prix plutôt que les parts de marché.
Le virage avait été pris il y a un peu moins d’un an, lors de la réunion d’Alger fin novembre 2016. Producteurs et non producteurs, à leur tête la Russie et l’Arabie Saoudite, les deux plus grands exportateurs au monde, s’étaient entendus pour réduire leur production afin redresser les prix, qui s’étaient effondrés sous les 30 dollars en 2016, après des pics au-dessus de 100 dollars.
Accords respectés
L’accord fixant des quotas de production a globalement été respecté, selon des analyses indépendantes. Encouragés, les producteurs ont décidé de prolonger l’accord une première fois, et envisagent de le maintenir pour une nouvelle période, probablement de neuf mois. Les craintes de voir le pétrole de schiste américain s’engouffrer dans la brèche pour compenser la baisse de production décidée ne se sont pas justifiées. Les prix ont maintenu leur mouvement ascendant, se stabilisant ensuite au-dessus de 50 dollars, malgré les forages effrénés aux Etats-Unis.
La nouvelle équipe qui accompagne le principe héritier saoudien Mohamed Ben Selmane a, de son côté, changé de cap. Avant d’introduire en bourse cinq pour cent de l’ARAMCO, opération toujours envisagée pour 2018, il fallait repousser les prix vers le haut pour en obtenir un bon prix. En outre, l’Arabie Saoudite a vu ses rentrées financières fondre à cause de la baisse des prix, pourtant déclenchée par Ryad, qui s’inquiétait alors de voir de nouvelles énergies se substituer au pétrole si le prix se maintenait trop longtemps au-dessus de 100 dollars.