Lundi, le baril de Brent est tombé à 40,73 dollars, son plus bas niveau depuis 2009. La décision de l’Opep vendredi de ne pas réduire sa production a secoué les marchés et fait craindre une chute encore plus importante des prix du baril.
Lors de sa réunion annuelle à Vienne, l’Opep n’a pas modifié ses objectifs de production. Les ministres de l’organisation ne se sont pas mis d’accord également sur un plafond de production, même si le précédent plafond fixé à 30 millions de barils jours (mbj) avait été allègrement dépassé de 2 mbj par des pays membres. Lundi, Brent a enregistré son niveau le plus bas depuis 2009 pour atteindre les 40,73 dollars. «Le marché du pétrole est en train de rendre un verdict clairement défavorable sur l’issue de la réunion de vendredi de l’OPEP», a résumé Tim Evans de Citi. L’organisation est apparue profondément divisée et a convaincu beaucoup d’observateurs que l’institution n’avait plus le contrôle sur le marché. Certains analystes estiment même que la chute risque d’être encore plus sévère lorsque l’Iran arrivera sur le marché. Le Times a averti dans son édition de lundi sur le risque d’ «une panique totale» qui pourrait enclencher une «chute libre» des cours à des niveaux avoisinant les 20 dollars. Le directeur général du groupe français Total, Patrick Pouyanné, a estimé qu’en 2016, «la croissance de la capacité sera plus forte que la croissance de la demande». Selon lui, il y a ainsi très peu de chances pour que les prix augmentent durant la prochaine année. La production surabondante ajoutée à un dollar fort et l’arrivée prochaine de l’Iran sur le marché pourraient aboutir au scénario d’une panique générale.
«L’Arabie Saoudite ne pourra pas tenir longtemps avec ces prix bas»
L’Arabie Saoudite, leader de facto de l’OPEP est actuellement dans un bras de fer avec les producteurs américains de pétrole de schiste. «L’Arabie Saoudite va continuer à pomper, si nécessaire pendant des années pour mettre KO les producteurs américains de pétrole de schiste», a ainsi expliqué David Roche, président de l’Independant Strategy à la CNBC. Mais pour Alain Boukobza, responsable de l’allocation d’actifs globale au sein de Société Générale «l’OPEP n’a pas baissé sa production alors qu’elle est en train de saigner». «Avec un déficit budgétaire de 22%, l’Arabie Saoudite ne peut plus soutenir cette baisse monstrueuse des prix du pétrole» a-t-il ajouté. Le fait que les membres de l’OPEP n’aient pu s’entendre «ne signifie pas seulement que l’excès d’offre mondiale va rester en place pour une période bien plus importante que prévu, mais pose aussi la question de son rôle en tant qu’organisation», a estimé Fawad Razaqzada, analyste chez Gain Capital trading group. Les prix actuels du baril sont descendus au niveau des prix pratiqués lors du choc pétrolier en 1985, qui avait abouti à une baisse des prix de 63% entre novembre 1985 et mars 1986. Une étude canadienne qui a comparé les deux crises, a ainsi relevé que les causes de la chute des prix avaient une cause commune: la surproduction.