L’Algérie dévoile un paradoxe financier préoccupant : derrière une dette publique maîtrisée à 49,61% du PIB se cache un déficit budgétaire qui se creuse dangereusement. Les projections pour 2025 révèlent l’ampleur du déséquilibre structurel d’une économie encore trop dépendance des hydrocarbures.
Les chiffres sont éloquents : le déficit budgétaire devrait atteindre 8.271,55 milliards de dinars en 2025, soit 21,8% du PIB. Plus préoccupant encore, le déficit global du Trésor s’élèvera à 9.221,55 milliards de dinars, représentant 24,4% du PIB. Une augmentation significative par rapport à 2024, où il s’établissait à 7.909,66 milliards de dinars.
La stratégie de financement repose sur un équilibre précaire. Le projet de loi de finances 2025 table sur un prix de référence du baril à 60 dollars, alors que les cours actuels oscillent entre 70 et 75 dollars. Cette différence alimente le Fonds de régulation des recettes (FRR), principale source de financement du déficit. Mais que se passera-t-il si les cours venaient à chuter sous le seuil de 60 dollars ?
Une politique sociale coûteuse
Le gouvernement maintient une politique de subventions généreuse, avec 600 milliards de dinars dédiés aux produits de large consommation. Bien que socialement nécessaire, cette politique pèse sur les finances publiques. Ces subventions sont surtout financées par les excédents pétroliers, ce qui montre à quel point le système est vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole.
Face à ces risques, le gouvernement tente de diversifier ses sources de financement. L’introduction des “sukuk souverains” et l’élargissement de l’assiette fiscale constituent des pas dans cette direction. Cependant, avec des dépenses budgétaires prévues à 16.794,61 milliards de dinars en 2025 (+9,9%) face à des recettes estimées à seulement 8.523,06 milliards de dinars (+3,5%), l’écart se creuse dangereusement.
Si la dette publique reste majoritairement intérieure (99%), offrant une certaine autonomie financière, la dépendance aux hydrocarbures pour équilibrer le budget représente un risque majeur. La fiscalité pétrolière, contribuant à hauteur de 3.453,96 milliards de dinars, reste le pilier du financement public.
En l’absence d’une diversification économique significative, notre pays reste vulnérable aux chocs pétroliers. Une baisse prolongée des cours pourrait rapidement transformer l’actuelle maîtrise de la dette en crise budgétaire majeure.