Hadj Tahar Boulenouar est formel. Les chiffres officiels concernant la production algérienne de viande rouge sont « incohérents et contradictoires ».
C’est ce qui explique les tensions sur le produit, et l’incapacité des autorités à maitriser le marché, déclare le président de l’Union des Commerçants et Artisans (UGCAA). Contacté par Maghreb Emergent, M. Boulenouar affirme que les chiffres publiés sont « exagérés », dans le but de « prouver que le gouvernement a une politique économique ».
En 2013, le ministère de l’agriculture avait annoncé une production de 450.000 tonnes, contre 350.000 tonnes deux ans auparavant. Une augmentation de près de 15% par an, un résultat très élevé. Probablement exagéré. « Impossible, avec le même nombre d’opérateurs et les mêmes moyens », déclare, tranché, M. Boulenouar, qui relève en plus, que de tels résultats auraient été obtenus en un temps record.
Ces déclarations sont lourdes de sens, à la veille du Ramadhan, période qui connait traditionnellement une instabilité des prix, avec une forte pression sur certains produits comme les viandes. Les ministères concernés annoncent toujours un effort supplémentaire pour importer davantage, mais l’action de l’administration reste de peu d’effet sur le marché.
Inquiétude
Avec le début du Ramadhan, fin juin, un autre risque pèse sur la production de viande blanche. Une épidémie de la « maladie de Newcastle », dont les effets sont « délibérément minimisés » par l’administration, a touché des élevages dans plusieurs régions du pays. Un vétérinaire, contacté par Maghreb Emergent, est formel. Il y a de nombreux foyers, et cela risque de se répercuter aussi bien sur la production que sur l’attrait du produit, dont la clientèle risque de se détourner. Ce qui créerait de nouvelles tensions sur les viandes rouges.
M. Boulenouar a aussi une vision de l’organisation du secteur. Il déploré que l’Etat soit encore un producteur, alors qu’il « devrait jouer un rôle de régulateur ». Une autre organisation est nécessaire, pour atteindre une production d’un million de tonnes, et assurer l’autosuffisance de l’Algérie pour ce produit, dit-il. Mais les obstacles demeurent, à commencer, selon lui, par une « forte pression » des importateurs sur les pouvoirs publics, en vue d’orienter la filière. Akli Moussouni, expert agricole proche de l’Union des Commerçants, affirme que « des solutions existent », mais «la volonté politique manque.Il faudrait un réel programme pour diminuer la part des importations », dit-il.