C’est la ville iranienne de Neyshabur qui a approché le ministère des Affaires religieuses pour proposer le tapis.
«Je ne peux faire aucune déclaration au sujet de cette affaire. Et même si je détenais les informations que vous cherchez, je ne suis pas habilitée à vous les communiquer ». C’est la réponse donnée à Maghreb Emergent par une responsable au ministère des Affaires Religieuses et des Wakfs, au sujet du plus grand tapis au monde commandé, en 2015 par l’Algérie, auprès de l’Iran pour équiper la Grande mosquée d’Alger.
La responsable n’a pas fait, non plus de déclaration au sujet d’une licence d’importation exceptionnelle qu’aurait délivrée à sa tutelle le ministère du Commerce pour l’importation de ce tapis persan de 10.000 m², la tapisserie figurant sur la liste des produits interdits à l’importation par le gouvernement algérien. Une interdiction dont l’objectif est de protéger la production locale. Concernant justement cette dérogation spéciale, nous avons contacté le ministère du Commerce, sans pouvoir obtenir d’information. Après nous avoir attentivement écouté, un responsable de ce ministère à qui nous avons exposé la situation, nous a orienté vers un autre service, ce dernier est resté injoignable au téléphone.
C’est une dépêche d’agence de presse iranienne IRNA, datée de septembre 2015, qui a fait part de la commande faite par l’Algérie auprès de l’Etat iranien. C’est la ville iranienne de Neyshabur qui a approché le ministère des Affaires religieuses, indique la dépêche, pour proposer un tapis confectionné par les artisans locaux.
L’accord de principe accordé par le ministère des Affaires religieuses, celui des Affaires étrangères avait pris le relais pour adresser une lettre officielle à l’Etat iranien au sujet de ce marché, explique la dépêche d’Irna.
Toutefois, aucune information n’a été communiquée au sujet de la valeur ou de la date de livraison de ce tapis. L’agence Irna précise, néanmoins, que ce tapis une fois achevé sera le plus grand tapis au monde. Le record actuel est détenu par un tapis, également iranien, équipant la mosquée du Cheikh Zayid à Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis. Ce tapis fait plus de 5600 m² a exigé un travail de 21 mois impliquant 1200, tisserands, 20 techniciens et 30 designers et teinturiers.
Rappelons que le budget de décoration de la Grande mosquée d’Alger a été séparé du budget global de réalisation. A ce sujet, l’architecte, Hamid Faidi, avait souligné à la presse, en juillet dernier, que « l’histoire du budget de décoration et la plus invraisemblable de toutes les histoires louches qui ont accompagné la construction de cette mosquée. Dans les grands projets, la décoration n’est pas dissociée du budget global. La décoration, ça n’existe pas dans un marché public de cette importance. Elle fait partie intégrante de l’architecture. Elle est comprise dans le marché de maîtrise d’œuvre et celui de la réalisation. Ce n’est pas de l’équipement actif».