Les choses doivent changer au Maroc, car le Roi Mohamed 6 n’est pas le protecteur du »petit » peuple qu’il veut faire croire. C’est ce que pense Zineb El Rhazoui, journaliste et blogueuse réfugiée en France.
Dans une table ronde à Barcelone organisée conjointement par l’Institut européen de la Méditerranée (IEMED) et la Fondation Bertelsmann sur le thème »La Méditerranée en transition », la journaliste marocaine d’opposition a d’abord estimé que »le prince héritier marocain Hassan III ne gouvernera jamais, c’est sûr ».El Rhazoui, qui a participé à cette table ronde avec la blogueuse tunisienne Lilia Ouestali et la journaliste égyptienne Lina Attalah, a écarté l’arrivée un jour au pouvoir du prince héritier, estimant que le peuple marocain arrivera un jour à travers les mouvements de l’opposition, dont celui du 20 février, à faire tomber la monarchie. “J’entends partout que le roi est magnifique, qu’il adore les pauvres et les femmes », a souligné la journaliste marocaine, membre du mouvement du 20 Février, au cour de cette table ronde, avant d’étaler la liste déjà très longue des violations des droits de l’homme au Maroc au cours de ces dernières années. »Torture, prisons secrètes (Témara), liquidation de la presse, spoliation des biens publics, oppression contre la culture amazighe et les femmes, absence de justice indépendante, … » a-t-elle expliqué, faisant référence aux derniers rapports des ONG internationales qui ont dénoncé la torture au Maroc. Et puis le roi du Maroc »possède à titre personnel plus de 65% de l’économie nationale », »les juges marocains continuent de recevoir des instructions par téléphone », a-t-elle poursuivie. Pour elle, »la dictature marocaine n’a pas d’autres objectifs que sa propre survie. La monarchie est incapable de se réformer ».
Une constitution sur mesure
Le Maroc, qui a été touché par le printemps arabe, a mis en place une nouvelle constitution »sur mesure » en 2011, facilitant en même temps l’arrivée d’un gouvernement islamiste (PJD). Mais, il n’a pas satisfait les revendications notamment des ONG et du mouvement de jeunes du 20 février. Au cours de cette table ronde, elle a estimé que le Mouvement du 20 février devrait aider à changer les choses. ¨Tout devrait se jouer cette année », pense cette journaliste marocaine, interdite de séjour dans son pays, après avoir reçue des menaces de mort pour avoir déclaré que Mohamed 6 »est un dictateur » dans une interview au journal algérien El Watan. De nombreux journalistes marocains ont choisi l’exil pour échapper aux persécutions de la justice locale, d’autres sont en prison comme Mustapha El Hasnaoui, et certains comme Ali L’mrabet ou Ali Amar ont été contraints de fermer leurs journaux.