C’est ce qu’a recommandé Bjorn Rother, le chef de mission du FMI en Tunisie, précisant, toutefois, qu’il n’est pas besoin d’« un ajustement abrupt ».
« Le dinar tunisien doit encore être déprécié cette année afin de booster les exportations et réanimer une économie qui a subi les coups des bouleversements politiques depuis la révolte de 2011 ». C’est ce qu’estime Bjorn Rother, le chef de mission du FMI en Tunisie, dans une interview téléphonique publiée hier mercredi par le journal économique en ligne Bloomberg. Cette recommandation ne signifie, toutefois, pas, qu’il est nécessaire d’opérer un ajustement brutal, a-t-il précisé.
Pour rappel, actuellement le dinar tunisien vaut 0,34 euro. Sa valeur a nettement baissé depuis le début de l’instabilité politique en 2011, avec la chute du dictateur Zine el Abidine Ben Ali.
La déclaration de Bjorn Rother « nous laisse perplexes sur la manière dont l’institution de Bretton Woods raisonne », a réagi l’économiste tunisien Aram Belhadj dans une déclaration rapportée par l’agence Tunis Afrique Presse (TAP). Et d’ajouter : « Les solutions proposées à notre pays [par le FMI, NDLR] ne sont pas convenables pour l’économie et la paix sociale. […] Le FMI souhaite une dépréciation supplémentaire de notre monnaie pour arriver à un taux de change réel d’équilibre. Cette recommandation n’aura certainement pas l’impact attendu. Au contraire, elle alimentera l’inflation, alourdira la charge de la dette et plombera davantage l’économie. »
Réticences
Les autorités monétaire tunisiennes, tout en étant convaincues de la nécessité de réviser à la baisse la valeur du dinar, se montrent elles aussi réticentes devant l’idée d’une forte dépréciation. En mars dernier, rappelle Bloomberg, le gouverneur de la Banque centrale avait déclaré qu’il ne pouvait pas défendre le dinar « quand bien même il le voudrait » mais qu’une « dépréciation abrupte » pouvait alimenter l’inflation et l’insatisfaction populaire.
Dans un entretien publié il y a un an dans le magazine économique électronique African Manager, Taoufik Rajhi, ministre conseiller du Chef du gouvernement Youssef Chahed, avait rappelé que l’engagement de la Tunisie envers le FMI ne portait pas sur la dévaluation de sa monnaie mais sur « la limitation des ventes nettes de devises sur les marchés de change au financement des importations indispensables pour l’économie afin de lisser les fluctuations excessives du taux de change ». Il avait ajouté: « Ce qui est le cas, puisque les ventes nettes ont atteint en moyenne 22 % des transactions totales sur le marché depuis 2016, alors qu’elles étaient en moyenne de 30 % durant le programme Stand-By Arrangements. »
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