Pour l’expert financier Mourad Goumiri, invité aujourd’hui du « Direct de Radio M »., « l’amnistie fiscale veut dire que tous les gens qui ont volé depuis 1962 seront amnistiés et pourront revenir avec leur argent ». Une telle amnistie, a-t-il ajouté, a été appliquée dans certains pays où il y avait des situations très compliquées, ce qui n’est pas, selon lui, le cas de la situation de l’Algérie.
« Pourquoi avons-nous attendu jusqu’à aujourd’hui pour instaurer un impôt sur la fortune ? Nous aurions pu l’instaurer il y a longtemps. D’ailleurs, où sont les impôts sur le foncier et l’impôt sur les réévaluations ? », s’est interrogé Mourad Goumiri aujourd’hui, dans « L’invité du direct », émission de Radio M, en réponse aux nouvelles dispositions du projet de loi de finances pour 2018.
Mourad Goumiri, professeur des universités et expert financier, a ajouté : « Tout le monde est au courant qu’il y a énormément de riches en Algérie, et ces derniers doivent contribuer à la recette fiscale du pays ». Et de rappeler que « le ministère des Finances, qui privilégié depuis 30 ans le taux par rapport à l’assiette, a passé ces années à augmenter la fiscalité à chaque fois qu’il a eu besoin d’argent : IBS, TVA, etc. »
Abordant les effets de ces nouvelles dispositions fiscales, l’invité du direct de Radio M a estimé qu’elles ne feront que consolider le secteur informel, qui est, lui aussi, a-t-il assuré, le produit « d’une mauvaise décision politique ».
La politique de l’informel est aujourd’hui arrivée au point où l’informel influence les décisions politiques, a estimé Mourad Goumiri, pour qui « la plupart des décisions ne sont pas prise par les institutions publiques, mais par l’informel qui impose ses prix, ses coûts et son langage à la sphère économique du pays ».
L’amnistie fiscale n’est pas nécessaire en Algérie
A une question d’Ihsane El Kadi sur la possibilité de prolonger les délais définis par la loi sur la mise en conformité fiscale destiné à amener l’argent du circuit informel vers les banques, Mourad Goumiri a répondu : « Le discours sur l’amnistie fiscale et les autres décisions est une escroquerie », car « il faut dire les mots dans leurs sens : l’amnistie fiscale veut dire que tous les gens qui ont volé depuis 1962 seront amnistiés et pourront revenir avec leur argent ». Et d’expliquer qu’une telle amnistie a été appliquée dans certains pays où il y avait des situations très compliquées, ce qui n’est pas, selon lui, le cas de la situation de l’Algérie.
Appel au Premier ministre à ne pas craindre de « mécontenter la rue »
« Les vrais enjeux pour le gouvernement sont les politique budgétaire et la maîtrise de l’arbitrage », a insisté Mourad Goumiri, qui a adressé un message au Premier ministre : « Est-ce que vous êtes capable de mettre en place des instruments et des politiques qui vont mécontenter la rue ? »
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