Pour l’ancien ministre algérien de l’Energie, l’OPEP ne servira rien si les prix du pétrole restent déterminés moins par les membres de ce cartel que par les « acteurs financiers » internationaux et autres « spéculateurs ».
Est- ce que l’Algérie doit sortir de l’OPEP ? C’est là une option que défend l’ancien ministre de l’Energie dans le gouvernement de Sid-Ahmed Ghozali, Nordine Aït-Laoussine. Dans une interview parue dans l’édition d’aujourd’hui du Soir d’Algérie, il s’interroge : « Si le prix du pétrole continue à être quasi- exclusivement déterminé, non pas par l’OPEP, mais par les soi-disant forces libres du marché, c’est-à-dire essentiellement par des acteurs financiers et le bon vouloir des spéculateurs (…), alors pourquoi rester dans une organisation qui ne servirait plus à rien ? ».
L’ancien ministre et actuel président de Nalcosa SA, société de conseils dans le domaine de l’énergie basée à Genève, met, cependant, un bémol à cette proposition audacieuse. « Nous n’en sommes pas encore là », souligne-t-il, proposant comme mesure temporaire de « suspendre » la participation de l’Algérie à l’OPEP.
« La stratégie des Etats du Golfe ne sert pas à terme leurs intérêts »
Pour rappel, les appels de l’Algérie à une réduction des volumes de brut produits par l’OPEP afin de maintenir les prix à des niveaux appréciables demeurent sans écho, l’Arabie Saoudite – et, dans son sillage, des pays comme le Koweït, les Emirats Arabes Unis, etc. opposant leur véto à toute option de réduction de la production.
Pour Nordine Aït-Laoussine, il faudrait « convaincre nos amis du Conseil de coopération du Golfe », hostiles pour la plupart à l’abaissement de la production de l’OPEP, que « la politique délibérée de défense de parts de marché par le biais d’une baisse des prix ne sert, à la longue, les intérêts d’aucun des pays membres ». Il ajoute : « Cette politique) entraîne, en fait, des pertes réelles dans l’immédiat pour des gains hypothétiques à terme. Cette politique a été tentée en 1986 et 1998 et, dans les deux cas, elle a mené l’OPEP à une impasse, compte tenu de la faible capacité de résistance des pays membres à l’effondrement des prix en raison de leur dépendance excessive – quelquefois exclusive – à l’égard des revenus pétroliers. »
Le redressement éventuel du prix du pétrole n’est pas la panacée
Concernant les effets de la baisse des cours de pétrole sur l’économie algérienne, l’ancien ministre estime que le redressement éventuel des prix du brut « n’apportera pas à lui seul une réponse adéquate aux nombreuses questions fondamentales, objet des débats en cours dans notre pays sur la nécessaire diversification de l’économie nationale » Il va même plus loin. Selon lui, ce redressement serait même néfaste « s’il devait retarder la refondation souhaitée de la politique énergétique nationale dans toutes ses composantes, notamment la maîtrise de la consommation domestique, l’amélioration de l’efficacité énergétique de nos moyens de production, la révision d’un régime de subventions en contradiction avec sa finalité et le développement accéléré des énergies renouvelables ».