Pourquoi les marques algériennes ne doivent plus donner de la publicité à Facebook - Maghreb Emergent

Pourquoi les marques algériennes ne doivent plus donner de la publicité à Facebook

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Le débat sur la manière avec laquelle facebook gère les données de ses deux milliards d’utilisateurs fait rage sur l’espace numérique spécialisé en marketing digital et en protection du consommateur.  Des voix s’élèvent un peu partout dans le monde, pour réclamer plus de fermeté à l’égard des géants du numérique notamment facebook.

 

Le scandale de vente des données de 87 millions d’utilisateurs de facebook à Cambridge Analytica qui a éclaté le mois dernier, a accéléré le processus de prise de conscience sur l’utilisation abusive de la data par le plus important réseau social du monde qui projette de dominer toutes les activités liées à l’économie numérique et à l’intelligence artificielle. Des marques et des célébrités ont annoncé au cours des trois dernières semaines, leur retrait de facebook. De simples utilisateurs, des médias et d’opérateurs économiques leur ont emboité le pas. Le résultat : Facebook perd plus de 115 milliards de dollars de valeur boursière depuis le début de l’année.

Concernés directement par ce débat, les annonceurs algériens sur la plateforme facebook sont appelés à revoir leur stratégie digitale en prenant en compte les derniers développements. En d’autres termes, ils sont appelés à ne pas poster leurs annonces payantes sur facebook ou du moins réduire le nombre de ces dernières. Plusieurs éléments montrent qu’une forte présence d’une marque sur facebook est loin d’être synonyme d’une bonne stratégie numérique.

Le mythe de la publicité ciblée

Depuis plusieurs années, facebook se présente comme la compagnie leader en ciblage publicitaire. Partis politiques, candidats aux élections, marques, ONG et autres ont tous fait confiance aux outils de facebook qui « permettent » de cibler des catégories d’utilisateurs selon la demande. Par exemple, le community manger d’une marque pourra orienter son annonce vers des utilisateurs selon le sexe, l’âge, la répartition géographique, le domaine d’activité et autres.

En apparence, ce magnifique mécanisme facilite la tâche aux marques et aux politiques pour atteindre leur cible avec succès. Toutefois, des révélations faites par des spécialistes et facebook lui-même détruisent ce mythe et dévoilent au grand jour les limites de cet outil publicitaire. En effet, plusieurs spécialistes de la communication digitale signalent la prolifération des faux comptes.

Les utilisateurs évitent de plus en plus de donner les bonnes informations personnelles à facebook. Selon un rapport présenté en 2012 à Wall Street, facebook a reconnu que 8,7% de ses utilisateurs ont présenté une fausse identité. Une révélation contestée par les spécialistes qui estiment que le nombre réel est largement plus important que celui annoncé en bourse. Pressée par la multiplication des doutes sur l’authenticité de l’identité de ses utilisateurs, la firme de Mark Zuckerberg a mis à jour ses estimations concernant les comptes douteux, elle les estime, au mois de novembre dernier, à plus de 260 millions de comptes, ce qui représente moins de 15%.

Là encore, des spécialistes contestent ce chiffre qui ne reflète guère, d’après leurs analyses, l’ampleur du phénomène des faux comptes. Rien qu’en France, la compagnie facebook a supprimé le mois de mars 2017, plus de 30 000 faux comptes. Une opération symbolique qui témoigne des limites de ciblage publicitaire de facebook. Avec un nombre de plus en plus levé de faux comptes, les annonceurs se trompent de cible sans se rendre compte. Une stratégie basée sur de faux comptes ne peut atteindre ses objectifs.

La vente de données numériques

Le scandale de vente des données de 87 millions d’utilisateurs à Cambridge Analytica a mis à nu la politique de confidentialité suivie par facebook. Une marque qui fait de facebook son moyen de communication avec sa clientèle est fichée par les algorithmes. Toutes les données échangées sont stockées dans les data center de la compagnie en attendant leur utilisation à des fins commerciales. Livrer à facebook les détails de sa politique client est une erreur à ne pas commettre. Grâce aux données que vend facebook, des sites comme  socialbakers.com  commercialisent toutes les données relatives aux pages facebook.

Il est maintenant possible de connaitre le nombre de fans par pays de la page de son concurrent et même d’avoir une idée sur la portée de ses publications et l’engagement de ses fans. Toutes les données qu’on poste sur facebook sont affichées « à vendre » quelque part sur le marché de la data. Une plus grande prudence s’impose pour éviter que les données de nos entreprises ne finissent sur les étales des grandes surfaces numériques.

Zéro contribution à l’économie nationale

Les sommes colossales que dépensent les annonceurs algériens pour booster leurs annonces sur le réseau social facebook n’ont aucun impact sur l’économie nationale. Injecter directement dans les comptes du géant américains, ces sommes, difficile à chiffrer, ne génèrent aucun emploi en Algérie, ne créent aucune commande aux entreprises algériennes et surtout ne payent aucun dinar au trésor public. Ainsi, chaque euro ou dollar payé à facebook est classé dans le chapitre « fuite de capitaux ».  

Soutien à la colonisation israélienne

Contrairement aux principes inscrits sur sa charte, facebook pratique la politique du parti pris dans le confit qui oppose les populations palestiniennes à l’occupant israélien. Des comptes et des pages des activistes palestiniens sont systématiquement bloqués par l’administration de facebook sous prétexte qu’ils sont « antisémites ».

En revanche, les comptes et les pages des colons israéliens et des organisations qui les soutiennent jouissent d’une large liberté d’action sur facebook. Selon le site d’information Noon Presse, 85% des pages et comptes des activistes palestiniens ont été bloqués le mois de mars dernier, par l’administration de facebook.

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