Le procès de l’affaire Khalifa se poursuit au tribunal pénal près la Cour de Blida avec l’audition des personnes mises en cause. Ce mardi, le juge a interrogé celui qui s’occupait de la garde rapprochée de l’ex-golden boy algérien ainsi que l’un de ses chargé de la comptabilité.
Abdelwahab Rédha, un militaire à la retraite, comparait ce mardi matin devant le tribunal criminel près la Cour de Blida. Après sa retraite de l’Armée nationale populaire (ANP), il rejoint en 2001 le groupe constitué par Abdelmoumene Rafik Khalifa. Il dit devenir le major d’homme de la villa de son patron à Chéraga, puis son chauffeur personnel, avant d’avouer, sous l’insistance du juge, qu’il était chargé de sa garde rapprochée.
Abdelwahab Redha reconnait que lors de l’accomplissement de ses fonctions, il était appelé à aller au siège central de la banque Khalifa à Chéraga pour retirer des sommes d’argent allant de 200.000 DA à 30000 euros. « Mon chef me le demandait à maintes fois. Je me souviens avoir retiré la somme de 200.000 DA à deux reprises, puis 500.000 DA, 10000 dollars, et 30000 euros. Ces sommes étaient mises dans des enveloppes scellées », relate-t-il. Le juge Antar Menouar lui dit, comment il connaissait le montant des sommes contenues dans ces enveloppes scellées. Abdelwahab Redha avoue que son supérieur le tenait informé de tout. « C’était aussi un ami », ajoute-t-il. Condamné à 10 ans de prions en 2007 pour constitution d’association de malfaiteurs, vol, dilapidation de l’argent public et transfert illicite d’argent vers l’étranger, l’ancien militaire précise que ces opérations de retrait bancaire étaient effectuées par Akli Youcef, alors directeur de la caisse centrale de la Banque Al Khalifa.
Interrogé par la suite sur ses prérogatives au sein du groupe, l’accusé assure qu’il n’a jamais conversé avec des personnalités influentes, tout en admettant avoir rencontré des célébrités comme l’acteur français Gérard Depardieu, le fameux architecte espagnol Ricardo Bofill Lévi et l’homme d’affaires français Geoffroy Guichard. Et qu’il n’était pas présent lors du festival de Cannes, car les hôtels réservés aux stars où séjournait Abdelmoumene Khalifa étaient sous haute sécurité. Donc, il n’était pas nécessaire qu’il l’accompagne.
Direction bicéphale
Vers 10h30, le juge appelle à la barre l’ancien Directeur général adjoint chargé des finances et de la comptabilité Toudjane Mouloud. Le président du Tribunal criminel de Blida, Antar Menouar fait part de son incompréhension devant l’existence de deux Directeurs généraux adjoints des finances et de la comptabilité, en l’occurrence Toudjane Mouloud et Nekkache Hamou, décédé entre les deux procès. M. Toudjane explique que c’est cette raison qui l’a poussée à démissionner en novembre 2002. Il raconte que cette situation ambigüe a provoqué des chevauchements à l’intérieur de ce département jusqu’à l’arrivée de l’actuel ministre des Finances Djellab comme administrateur de Khalifa Bank, qui a changé cette organisation en nommant des directeurs centraux dans chaque direction et a enlevé la direction bicéphale, en le gardant lui, comme unique directeur de ce département.
Celui qui avait passé 22 ans dans le service de comptabilité de la Banque Nationale d’Algérie (BNA) dit tout ignorer des retraits des sommes d’argents de la part de ses collaborateurs avec ou sans les ordres de Abdelmoumene Khalifa. Après 11 avis des EES (écritures entre sièges) sur les trous dans les caisses estimés à 3.2 milliards DA, l’argent tiré des différentes agences de Khalifa Bank n’aura jamais été réceptionné à la caisse principale de la banque. Et l’inspecteur général de Khalifa Bank à l’époque, M. Mir Ahmed, n’a effectué aucune inspection ni vérification sur la caisse principale suite aux signalements répétitifs des directeurs centraux des agences.
M. Toudjane qui a été témoin avant de devenir accusé en 2007- il a écopé d’une peine de 9 ans de prison- suite à l’expertise de M. Foufa Hamid. L’accusé clame son innocence et affirme que ces accusations et cette affaire ont coûté la vie à son père. Tout en occupant la même fonction, M. Toudjane n’a pas été chargé de la signature des EES, contrairement à Nekkache Hamou. Cela proviendrait-il d’un manque de confiance ? lui demande le juge. L’accusé répond qu’il se pourrait que ce soit le cas. « Car, moi, je ne me tairais pas devant des preuves palpables de dépassement », clame-t-il. Sur les sommes pharamineuses destinées au sponsoring des équipes sportives, M. Toudjane accuse Houssou Saadi qui se chargeait de l’organe spécialisé de sponsoring. Selon lui, il n’avait pas la possibilité de vérifier ou recalculer le montant qui ne faisait que survoler sa direction pour aller vers le responsable général de la compagnie.