L’ex PDG d’Endimed (produits pharmaceutiques), Ammour Saïd a assuré aujourd’hui, devant le tribunal criminel de Blida, qu’il avait personnellement interdit de placer l’argent de cette entreprise à El Khalifa Bank. La carte d’abonnement à Thalassothérapie dont il a bénéficié été établie à son insu, s’est-il défendu. Quant à Telli Safi, ex-directeur de l’Agence de l’action sociale, il a affirmé qu’il n’y avait pas eu de placements dans cette banque. Il a néanmoins confirmé l’existence de deux comptes courants qui y ont été ouverts, selon lui, par son prédécesseur.
Auditionné en sa qualité d’accusé non détenu pour délit de corruption, abus d’influence et obtention de privilèges, Bourahlam Hamid, ancien directeur général de GBA El Harrach, a nié devant le tribunal criminel près la Cour de Blida avoir fait des placements chez El Khalifa Bank. Il a fait incomber la responsabilité de ces dépôts à son prédécesseur. Selon lui, les montants globaux des placements au 30 septembre 1999 s’élevaient à 50 millions de DA et 20 millions de DA.
Selon M. Bourahla, la situation à la date de gel des activités d’El Khalifa Bank était comme suit : 100 millions de DA de dépôts tandis que les intérêts encaissés étaient estimés à 34 millions de DA. Le montant de crédits était évalué à 100 millions de DA avec un taux d’intérêt de 5,5%. C’est sur ce dernier point-là que le Procureur général a interpellé l’accusé lui signifiant qu’il y avait comme un non-sens dans le fait que la société prête 100 millions de DA à Khalifa Bank à un taux d’intérêt de 11,5% et emprunte à cette même banque le même montant à un taux de 5,5%. L’accusé a paru déstabilisé par la question. « Certes, cela me paraissait un peu bizarre mais j’ai pensé qu’il y avait l’Etat et des règles prudentielles à respecter et que l’Etat ne permettrait pas à une banque d’opérer si elle ne respecte pas la réglementation », a-t-il répondu. M. Bourahla a nié connaître des personnes ayant le même patronyme que lui et qui ont bénéficié de billets d’avions gratuits de Khalifa Airways.
Endimed avait 10 comptes d’exploitation à la Khalifa Bank
Après une suspension d’une demi-heure, l’audience a repris avec le passage à la barre de Ammour Saïd, poursuivi pour délit de corruption, abus d’influence et obtention de privilèges. Ancien PDG d’ENDIMED (Entreprise nationale de distribution en détail des médicaments), qui avait 10 comptes chez Khalifa Bank (un de la direction et les 9 autres concernent des filiales de l’entreprise), il a déclaré que les placements de son entreprise étaient faits au niveau de la banque publique le Crédit populaire Algérie (CPA). En 2002, a-t-il dit, deux représentants d’El Khalifa Bank se sont rendus chez Endimed à Kouba pour lui proposer de faire ses placements dans cette banque et ils ont pris attache avec le Directeur des finances et de la comptabilité. Suite à cette entrevue, selon lui, une session du Conseil d’administration a été convoquée. « Nous avons mis du temps pour ouvrir des comptes d’exploitation qui devaient faciliter le travail avec nos clients », a-t-il ajouté. Il a assuré que les placements du CPA n’avaient pas été transférés à El Khalifa Bank et qu’il s’y était opposé personnellement. Le juge l’a interrogé sur les raisons du refus d’opérer des placements chez Khalifa Bank ce à quoi il a répondu : « J’avais des doutes car la banque (El Khalifa Bank, Ndlr) était nouvelle. De plus, nous étions les meilleurs clients du CPA avec lequel nous avions des relations très suivies et intenses. »
L’ancien PDG d’Endimed a affirmé que l’entreprise, qui dépendait du holding Chimie Pharmacie Service, réalisait un chiffre d’affaires de l’ordre de 1.000 milliards de centimes annuellement. S’agissant de la carte de Thalassothérapie dont il a bénéficié de la part de Khalifa, il a affirmé qu’elle avait été faite à son insu. « Je n’ai jamais vu cette carte », s’est-il défendu. Il a nié également avoir bénéficié de billets d’avions gratuits de la part de Khalifa Airways.
Telli Safi : « L’ADS a placé chez Khalifa une partie d’un don saoudien »
L’autre accusé appelé à la barre était Telli Safi, ancien Directeur général de l’Agence du développement social (ADS) au ministère du Travail et de la Sécurité sociale à l’époque des faits. Selon lui, suite à l’obtention d’un don saoudien de 1,8milliard de DA, l’ADS a contacté toutes les banques pour gérer cet argent dans le cadre du dispositif de microcrédit, notamment deux d’entre elles : la BNA et El Khalifa Bank. Après l’aval de la tutelle, l’ADS, a-t-il expliqué, s’est orienté vers le Conseil d’orientation qui a réservé la même réponse positive. Suite à cela, deux comptes courants ont été ouverts chez Khalifa Bank. Entre-temps, est intervenu un remaniement ministériel et l’ADS a changé de tutelle pour dépendre du ministère de la Solidarité nationale. Son PDG, Telli Safi, a demande son avis à sa nouvelle tutelle, mais aucune réponse ne lui a été donnée, a-t-il assuré.
Telli Safi a affirmé que sur les 1,8milliard de DA, 82% ont été consommés à travers des crédits répartis sur 3.000 bénéficiaires et que le reste a été tout simplement perdu. Il a affirmé qu’il n’y a pas eu de placements chez Khalifa Bank mais confirmé l’existence de deux comptes courants ouverts par son prédécesseur qui deviendra plus tard son directeur général adjoint.
Telli Safi a également confirmé que son agence a reçu, « sous forme de don », 20 ordinateurs offerts par El Khalifa Bank après l’incendie qui a ravagé les installations de l’agence, et ce, en plus d’une convention avec Khalifa Airways portant sur une réduction de 50% sur les vols intérieurs pour les employés de l’agence. Il a confirmé que Khalifa Bank avait participé à la prise en charge des invités de l’ADS lors d’un séminaire à Alger (hébergement). Sur l’accusation d’avoir fait bénéficier son fils d’une formation de pilote chez Khalifa Airways en Grande Bretagne, Telli Safi a soutenu que son enfant a agi de son propre chef.
