Lors de l’enquête de la Banque d’Algérie sanctionnée par l’ordre de liquidation de la Banque Al Khalifa, « les écritures en suspens de la Banque Al Khalifa étaient estimées à 257.557, dont 31.550 étaient à Chéraga et 51.300 à Al Harrach, et cela s’est traduit en décembre 2002, par l’augmentation des comptes d’ordres à hauteur de 100 milliards de dinars », a indiqué l’avocat du liquidateur de la Banque Al Khalifa, Moncef Badsi, Me Ali Meziane. Il précise que les caisses de la banque ne contenaient que 11 milliards de dinars, et non pas 97 milliards de dinars comme l’a vancé Abdelmoumène Khalifa lors de son audition.
En demandant sa constitution comme partie civile, l’avocat du liquidateur de la Banque Al Khalifa, Moncef Badsi, Me Ali Meziane, précise au début de son intervention que certaines agences de la banque Al Khalifa fonctionnaient légalement et n’ont démontré aucune infraction ni anomalie dans leurs déroulements. et ce, contrairement aux agences de Chéraga, des abattoirs de Hussein Dey, d’El Harrach, de Koléa, de Blida et d’Oran dont les plus importants trous de caisses estimés à 3,2 milliards de DA étaient découverts. Ces agences n’étaient pas les seules coupables de vols, escroqueries et dilapidation de l’argent public et l’argent des épargnants, mais des personnes de l’entourage de Abdelmoumène Khalifa sont également auteurs de ce cataclysme financier. Ses proches et les chefs des agences d’Al Khalifa Bank ont tous nié leur connaissance des faits hormis Akli Youcef, directeur de la caisse principale de la banque Al Khalifa, qui a reconnu que son PDG lui émettait des ordres de virement par des bouts de papiers. Ali Meziane exhibe au tribunal Criminel une note envoyée par Abdelmoumène Khalifa à M. Soulami, alors directeur de l’agence des Abattoirs ( Hussein Dey), lui demandant d’exécuter sans contester tous ses ordres quelques soient leur nature. Lors de l’enquête de la Banque d’Algérie sanctionnée par l’ordre de liquidation de la Banque Al Khalifa, « les écritures en suspens de la Banque Al Khalifa étaient estimées à 257.557, dont 31.550 étaient à Chéraga et 51.300 à Al Harrach, et cela s’est traduit en décembre 2002, par l’augmentation des comptes d’ordres à hauteur de 100 milliards de dinars », détaille-t-il en précisant que les caisses de la banque ne contenaient que 11 milliards de dinars, et non pas 97 milliards de dinars comme l’avançait Abdelmoumène Khalifa lors de son audition. De ce fait, la banque était en situation de cessation de paiement à ce moment -là, chose qui a motivé sa liquidation.
Le rôle néfaste de Raghed Al Chamagh, conseiller de Khalifa
Ali Meziane s’appuie même sur les bilans réalisés par Al Khalifa Bank vers la fin de l’année 2002, et qui faisaient état de 166 milliards de comptes de débiteurs clientèles et 15 milliards de dinars de déficit nets. « Les institutions publiques représentaient avec 57, 7 milliards de DA, les plus grands déposants à terme de la banque, tandis que les dépôts privés sont évalués à 26 milliards de DA », tient-il à souligner en informant que le transfert des fonds de la banque vers l’étranger s’est poursuivi en dépit du gel du commerce extérieur pour la banque décidé en novembre 2002. « 3500 opérations de transfert de devises vers l’étranger ont été enregistrées entre 2001 et 2003, pour un montant de 17,538 millions d’euros, ou 19,030 millions de dollars. Des fonds transférés à travers 233 voyages à l’étranger », dit Ali Meziane sur la base de documents en sa possession. Il affirme à ce propos, que l’ensemble de ces transactions financières vers l’étranger ont été réalisées par le truchement du franco-libanais Raghed Al Chamagh dont Abdelmoumène Khalifa disait qu’il était son conseiller des affaires. Des affaires dont on trouve l’achat de trois appartements dans les quartiers prisés parisiens ainsi que la villa de Cannes. Pour l’acquisition de cette dernière, 45 millions d’euros ont été transférés de l’Algérie vers la France sous prétexte de payer les deux stations de dessalement d’eau de mer à l’entreprise saoudienne Huta City. « La villa fut payée à 35 millions d’euros, alors que son montant ne dépassait pas 19 millions », révèle l’enquête diligentée par le liquidateur de la Banque. Raghed Al Chamagh a aidé à transférer 104 milliards de DA pour des dépenses sans contreparties. Des sommes qui ne sont restées que des dettes auprès des opérateurs étrangers. Me Meziane démontre comment a abusé Raghed Al Chamagh de la confiance de Abdelmoumène Khalifa en causant un préjudice estimé à 3 millions de dollars « Son rôle était néfaste pour le groupe Al Khalifa et pour la banque qu’il vidait à travers ses transactions douteuses. C’est lui qui a proposé puis géré les contrats des services d’avions taxis, stations de dessalement, villa de Cannes… ». Il escroquait et volait Khalifa Abdelmoumène dont il était le conseiller, en achetant des avions avec l’argent d’Al Khalifa Bank à l’entreprise EADS du groupe Airbus (spécialisé dans l’industrie aéronautique et spatial civil et militaire), qu’il vendait en pièce détachées aux Etats Unies, note l’avocat. Abdelmoumène Khalifa avait dit au liquidateur Badsi lors de leur rencontre en avril 2003, qu’il compte intenter une action judiciaire contre Raghed Al Chamagh dès sa sortie de prison. » Mon mandant reconnait que Abdelmoumène Khalifa était exemplaire dans son patriotisme. Mais moi, je dis qu’il était victime à l’étranger des mêmes escroqueries et vols qu’il a appliqué dans son pays », conclut l’avocat de Moncef Badsi, liquidateur de la Banque Al Khalifa.