L’ex- vice-président chargé de l’activité commercialisation, Mohamed Chawki Rehal a affirmé que la poursuite de la procédure de passation de marché a été décidée par le ministre de l’Energie et des mines d’alors, Chakib Khelil « en sa qualité de ministre mais aussi de président du conseil d’administration de Sonatrach ».
Le procès de l’affaire dite Sonatrach1 dévoile, à fur et à mesure des audiences au tribunal criminel près la Cour d’Alger qui ont débuté depuis une semaine, que rien ne se fait sans l’accord voire l’ « instruction » de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Energie et des Mines, le premier responsable de Sonatrach et néanmoins son président du conseil d’administration.
Son ombre hante le procès tant son nom est souvent cité pour justifier des décisions qui ont été prises sur des transactions douteuses, en violations de la législation et la réglementation en vigueur en matière de passation de marché public.
Comme pour les contrats de télésurveillance ou la réalisation du gazoduc GK3, ce mercredi, lors de ce procès qui a entamé le troisième volet de l’affaire Sonatrach 1 relatif au marché de réaménagement du siège de l’entreprise sis Rue Ahmed Ghermoul, les mis en cause appelés à la barre ont témoigné que rien ne peut se décider en matière de passation de marché public au sein de Sonatrach sans se référer au ministre. Pis encore, c’est sous son instruction que le marché de gré à gré a été conclu pour la réalisation de ce projet.
C’est le cas de l’ex- vice-président chargé de l’activité commercialisation, Mohamed Chawki Rehal qui a nié devant le juge Mohamed Reggad avoir joué un rôle central dans la procédure d’octroi du marché du réaménagement du siège Ghermoul de Sonatrach.
Accusé de participation à une association de malfaiteurs, de tentative de dilapidation de deniers publics et de passation de marché en violation de la réglementation en vigueur, M. Rehal a affirmé que la poursuite de la procédure de passation de marché avec seulement deux entreprises soumissionnaires a été décidée par le ministre de l’Energie et des mines d’alors, Chakib Khelil « en sa qualité de ministre mais aussi de président du conseil d’administration de Sonatrach ».
« Je ne peux pas prendre une telle décision »
« Je ne peux pas prendre une telle décision. C’est le ministre qui a instruit le PDG Mohamed Meziane de poursuivre la procédure avec deux entreprises après que la troisième soit retirée », a-t-il affirmé. Précédé à la barre, Abdelaziz Abdelwahab directeur exécutif chargé de la gestion et du suivi des projets avait tenu les mêmes propos. Ce dernier a affirmé devant le juge Reggad que des appels d’offres nationaux et internationaux avaient été lancés- l’un concernant l’étude l’autre pour la réalisation- devenus par la suite des marchés de gré à gré sur instruction de l’ex-PDG de la Sonatrach et du ministre de l’Energie et des mines de l’époque.
L’appel d’offres concernant l’étude avait été annulé puis attribué de gré à gré au bureau d’études CAD dirigé par l’accusée Meliani Nouria pour un montant de 45 millions de dinars dont 50 % ont été payés, le reste a été refusé après les réserves émises par les ingénieurs de Sonatrach.
Un projet décrété « urgent »
L’appel d’offres national et international concernant la réalisation du siège a été lancé en juin 2007, huit entreprises ont présenté des offres. Avant qu’il ne se transforme en une consultation restreinte qui avait concerné la société allemande Imtech, l’américaine Berry et la libanaise CCG qui était éliminée par la suite par un nouveau seuil de critères d’éligibilité.
Soupçonné d’avoir participé à la conclusion d’un accord en violation du code de marché, Abdelaziz Abdelwahab a souligné que le projet a été décrété « urgent » par Mohamed Sanhadji, directeur exécutif Activités centrales, selon les instructions qu’il avait reçues de sa part, affirmant que la décision a été prise d’ « en haut, des vice-présidents jusqu’au ministre ».
Les offres financières présentées donnaient Imtech, avec 73 millions d’euros, moins-disant, bien que son offre soit jugée exorbitante. Sonatrach a obtenu ensuite une réduction à 64 millions d’euros, après négociation.