« Quand le tribunal criminel a le courage d’innocenter un prévenu en détention depuis 6 ans, j’applaudis des deux mains. Cela laisse présager un meilleur avenir pour la justice algérienne », affirme Me Miloud Brahimi.
Une fois le verdict du procès sontrach 1 prononcé à la Cour d’Alger par le président du tribunal criminel Mohamed Reggad, la partie civile a procédé à l’action civile pour demander le recouvrement des créances de l’Etat dans ce procès qui aura duré un mois.
Le tribunal criminel près la Cour d’Alger, a prononcé des peines allant 18 mois avec sursis à 6 ans de prison ferme à l’encontre de huit personnes physiques et quatre personnes morales, et a acquitté sept autres prévenus.
Abordés par Maghreb Emergent, la plupart des avocats ont exprimé leur satisfaction quant au déroulement et à l’issue du procès. Ils témoignent aussi leur admiration pour le juge Mohamed Reggad. « C’est une excellente décision du juge », nous dit Me Chenaif, dont le mandant, Zenasni Benamor, ancien directeur chargé des transports par canalisation (aval), a été acquitté. « Ce n’est que justice faite après six ans passés en prison sans jugement ! », dit-elle soulagée.
Le juge Mohamed Reggad suscite le respect et l’admiration des avocats
La relaxe de Zenasni Benamor a suscité l’admiration de Me Miloud Brahimi : « C’est une excellente décision qui fait honneur à la justice algérienne », témoigne Me Brahimi. Et d’ajouter : « Quand le tribunal criminel a le courage d’innocenter un prévenu en détention depuis 6 ans, j’applaudis des deux mains. Cela laisse présager un meilleur avenir pour la justice algérienne ». Me Khaled Bourghoul, avocat du consultant financier El Hachmi Moghraoui et de son fils Yazid Elyas Moghraoui, qui ont écopé de 6 ans de prison ferme et 2 millions de DA d’amende pour « blanchiment d’argent », se dit « surpris » par cette décision. « L’ensemble de la défense est surpris par cette grande décision de justice. C’est une décision murement réfléchie! », dit-il. Pour lui, cette décision « souveraine », prononcée au nom du peuple algérien ne peut être remise en cause. Pourtant l’avocat des Moghraouis y voit une volonté politique pour « classer définitivement les dossiers de lutte contre une corruption « exagérée » ». Il va même jusqu’à penser que le président de la République Abdelaziz Bouteflika n’hésitera pas à prononcer l’amnistie dans les trois grandes affaires de corruptions, qui sont en l’occurrence : El Khalifa, Sonatrach et l’autoroute Est-Ouest.
Me Benamar Aid, avocat de la Mme Nouria Meliani responsable du bureau d’étude CAD, condamnée à 18 mois de prison avec sursis et 100.000 DA d’amende affirme que « le héros du jour c’est le président du tribunal criminel. » « M. Reggad a été juste et rigoureux. Il a appliqué la loi comme il se doit. Nous sommes satisfaits », a-t-il dit. Mandaté également par Nouria Meliani, Me Chaib se dit content pour les autres, mais annonce le pourvoi imminent en cassation du jugement prononcé contre sa mandante.
Le verdict de Mohamed Reggad n’a pas fait que des heureux. Me Madani Abdelhak, avocat de l’ancien vice PDG de Sonatrach chargé des activités amont Belkacem Boumediène, s’est dit « profondément déçu par ce jugement ». Le tribunal criminel a en effet, condamné son mandant à 5 ans de prison et 500.000 DA d’amende, pour dilapidation des deniers publics, blanchiment d’argent et mauvais usage de la profession. Ayant passé 6 ans de prison, Belkacem Boumediène rentrera chez lui. « Je suis content qu’il rentre chez lui, mais nous allons pourvoir en cassation incessamment », nous a-t-il déclaré. La condamnation de Belkacem Boumediène, qui ne cessait de clamer sa réhabilitation, était en réalité une surprise pour l’ensemble des avocats et ceux qui ont suivi ce procès.