Les contrats de consulting conclus entre Funkwerk et Al Ismael Djaafar et Yazid Moghraoui en marge des projets pour Sontrach, s’imposaient pour accompagner l’entreprise allemande dans son aventure dans un pays méconnu et compliqué, selon le représentant de Funkwerk, Mathias Bierling.
L’audition des prévenus dans l’affaire Sonatrach 1 s’est clôturée ce 11 janvier à la Cour d’Alger, par l’audition de Mathias Bierling, représentant de l’entreprise allemande Funkwerk. Cette dernière, est accusée d’avoir obtenu illégalement entre 2006 et 2008 ( par sa filiale Contel Algérie), le projet de sécurisation de 123 installations pétrolières au champ de Haoud Al Hamra à Hassi Messaoud pour 4.9 mds de dinars, et celui de l’installation des systèmes de sécurité dans d’autres bureaux de Sonatrach à Gharmoul pour une valeur de 3 mds de dinars. Quatre contrats ont régi ces activités, dont deux, sont des contrats de consulting établis avec Al Ismael et Yazid Elyas Moghraoui,( fils du consultant financier El Hachemi Moghraoui), un autre avec la défunte épouse de Mouhamed Meziane ( retrouvé dans une clé USB), et un dernier que la justice soupçonne d’avoir voulu conclure avec Redha Meziane, fils de l’ex P-dg de Sonatrach.
Le représentant de Funkwerk, dit au juge Mouhamed Reggad, ne pas avoir été présent lors de la création de Contel Algérie (SPA) en 2005, avec Al Ismail Mouhamed Redha Djaafar, Une société dont Faouzi Meziane (deuxième fils de Mouhamed Meziane) devient actionnaire en 2005 et obtient 200 actions sans participation dans la capital de l’entreprise. Mathias Bierling dit qu’il a rencontré Al Ismael Djaafar à deux reprises, une vers la fin 2007 et une deuxième pendant l’été 2008, dans un restaurant en Allemagne. Cependant, Meziane Redha était présent à ce dîner, pour « tentative de signature d’un nouveau contrat avec Funkwerk ». Mais Mathias Bierling, nie l’avoir rencontré ce soir-là. « Nous étions, Al Ismael, des collègues et moi, en train de diner et de regarder un match de football dans un restaurant à Berlin quand Meziane Redha est entré. Il ne s’était pas assis avec nous, mais s’était mis en retrait avec un collègue. Redha Meziane est sorti après une quinzaine de minutes, à ce moment-là, mon collègue nous a informés qu’il venait lui proposer la signature d’un nouveau contrat. Mais il est impossible pour nous de signer un contrat avec le fils du P-dg de Sontrach ! », témoigne M. Berling. Lors de son audition, Redha Meziane avait affirmé avoir rencontré Mathias Bierling dans ce dit restaurant, mais après une confrontation exigée par un des avocats de la défense, le fils de l’ex P-dg de Sonatrach revient sur ses propos et confirme les dires de M. Bierling « Non monsieur le juge. Je n’ai pas rencontré M. Bierling ce soir-là au restaurant », a-t-il répondu à la barre.
Le juge Reggad revient ensuite sur le premier contrat de consulting conclu entre Funkwerk et Al Ismael, alors qu’ils étaient déjà associés dans Contel Algérie. L’entreprise allemande a versé, en vertu de ce contrat, 650.000 euros à Al Ismael Djaafar, avec lesquels ce dernier a acquis une maison à Neuilly Sur Seine en région parisienne.
Mathias Bierling dit avoir conclu ce contrat car il s’apprêtait à s’investir dans un pays qui lui était totalement méconnu, et qu’il avait besoin d’une personne de confiance, et ne pouvait trouver mieux que leur collaborateur de l’époque Al Ismael Djaafar. Il affirme toutefois qu’il ignorait la destination de cet argent. « Nous versions mensuellement 30.000 euros dans le compte bancaire français d’Al Ismael, et ils existent des contrats qui l’attestent. Nous ignorions totalement la destination de cet argent. Ce dont je suis sûr, c’est que nous avions deux clauses dans notre contrat : une clause anticorruption et une autre qui responsabilise Al Isamel du paiement de ses taxes vis-à-vis du fisc allemand. Je ne peux confirmer si M. Al Ismael s’est conformé à ce deuxième point », a-t-il expliqué.
« Nous mettions jusqu’à 9 semaines pour convertir le dinar en euro et le rapatrier »
A propos du contrat conclu avec Yazid Elyas Moghraoui, le représentant de Funkwerk Allemagne dit qu’il était relatif à la gestion quotidienne de toute la logistique dans les champs gaziers du sud. « Ce contrat de consulting s’est imposé pour une entreprise comme la nôtre, qui n’avait pas d’expérience de travail dans le désert, et dans un pays dont le système fiscal, administratif et bancaire nous paraissait d’une grande complexité. Nous mettions parfois neuf semaines pour convertir le dinar en l’euro et le transférer vers l’Allemagne. L’investissement en Algérie était pour nous un défi, je dirais même, une aventure ! ».
Mathias Bierling conclut son audition en insistant sur le respect de tous les engagements figurant dans les cahiers des charges, et que les prix appliqués lors des projets n’étaient pas élevés par rapport aux autres projets de Funkwerk ailleurs, qu’en raison de la complexité et l’envergure des projets, en excluant tout autre facteurs qui aurait dicté une surfacturation.