Dans un communiqué laconique, la chaine RMC a annoncé la cessation de sa collaboration avec Mehdi Ghezzar, chroniqueur des « Grandes Gueules ». Cette décision fait suite à des propos jugés « inacceptables » tenus par Ghezzar sur la chaîne algérienne AL24, qu’elle estime « incompatibles avec les valeurs de RMC. »
L’origine de cette polémique remonte au dimanche 25 août 2024, lors de la participation de Ghezzar à une émission sur AL24. Le chroniqueur, d’origine algérienne, a commenté l’altercation survenue la veille entre diplomates marocains et algériens lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique. Ses déclarations ont rapidement pris une tournure incendiaire.
Ghezzar a qualifié le diplomate marocain de « pseudo être humain » et s’est dit « très content que cet État voyou (le Maroc), que cette voyoucratie diplomatique, soit humiliée devant la terre entière ». Il a poursuivi en traitant le Royaume du Maroc « d’État colon », ajoutant qu’il serait « faire injure à la diplomatie de dire le Maroc a un appareil diplomatique ».
Ses accusations ne se sont pas arrêtées là. Le chroniqueur a également affirmé que « le Royaume marocain a instauré un décret interdisant des manifestations pro Gaza, de parler des victimes de Gaza à la télévision, à la radio et dans les mosquées ». Il a conclu en assurant que le Maroc « se nourrit avec des mouches sionistes de la désinformation continue ».
Ces allégations, d’une gravité exceptionnelle, ont provoqué une onde de choc dans les milieux médiatiques et diplomatiques, conduisant à la réaction rapide de RMC. La promptitude et l’inflexibilité de la chaîne dans cette affaire soulèvent un débat sur l’équilibre délicat entre liberté d’expression et éthique médiatique.
L’éviction de Ghezzar, connu pour sa franchise, découle directement de ces commentaires polémiques. Cependant, le fait que ces propos aient été exprimés hors du cadre de RMC soulève une question cruciale : où se situe la frontière entre l’expression personnelle d’un chroniqueur et ses obligations professionnelles?
Cette décision de RMC, bien que justifiée par la gravité des propos, semble établir un précédent potentiellement périlleux. Elle entre en contradiction avec l’image des Grandes Gueules, souvent perçue comme un forum de débat sans tabous. Au-delà du cas Ghezzar, cette affaire pose une question fondamentale : jusqu’où s’étend la responsabilité d’un média sur les déclarations extra-professionnelles de ses collaborateurs ?
Par ailleurs, l’incident met en lumière un possible traitement différencié des chroniqueurs. Des observateurs soulignent que d’autres personnalités médiatiques ont tenu des propos similaires, voire plus controversés, sans subir de telles répercussions. Cette apparente disparité soulève des interrogations sur les critères ayant motivé la décision de RMC et son impartialité dans le traitement de telles situations.
Le laconisme du communiqué de RMC ne fait qu’amplifier ces questionnements, laissant place à des spéculations sur les motivations sous-jacentes de cette décision. La chaîne cède-t-elle à des pressions diplomatiques ou économiques ? Ou bien, dans un souci de préserver son image, sacrifie-t-elle le pluralisme des opinions au profit de considérations politiques ?