La demande formulée par l’Arabie saoudite et trois autres pays arabes de fermeture de la chaîne qatarie Al Jazeera constitue une « attaque inacceptable » contre la liberté d’expression et d’opinion, a estimé vendredi le chef des droits de l’homme de l’Onu.
L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales avec le Qatar il y a trois semaines en reprochant à l’émirat de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l’Iran. Ces quatre pays ont posé 13 conditions pour mettre fin à la crise, dont la fermeture d’Al Jazeera.
Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeïd Ra’ad al Hussein, est « extrêmement inquiet de la demande de fermeture d’Al Djazira et d’autres médias affiliés », a déclaré son porte-parole, Rupert Colville, pendant une conférence de presse.
« Qu’on les regarde ou pas, qu’on les aime ou pas, qu’on soit ou pas d’accord avec leur ligne éditoriale, les chaînes en arabe et en anglais d’Al Djazira sont légitimes et ont des millions de téléspectateurs. La demande de leur fermeture sur le champ est, de notre point de vue, une attaque inacceptable contre le droit à la liberté d’expression et d’opinion », a-t-il ajouté.
Le rapporteur des Nations unies sur la liberté d’expression et d’opinion, David Kaye, a aussi critiqué mercredi l’ultimatum des pays arabes, disant y voir « une grave menace pour la liberté de la presse » au Proche-Orient.
L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a également dénoncé le « chantage » et la « volonté de censure » de l’Arabie saoudite et de l’Egypte, pays qui figurent tout au fond de son classement de la liberté de la presse.
Ces pays accusent Al Jazeera d’ingérence dans leurs affaires intérieures — notamment en donnant la parole à leurs opposants respectifs — et d’avoir encouragé les révoltes arabes de 2011. La chaîne satellitaire qatarie, dont la création en 1996 a révolutionné le paysage médiatique proche-oriental jusqu’alors dominé par les médias d’Etat, dit au contraire défendre la pratique d’un journalisme professionnel et indépendant des gouvernements.
Reuters