Un grand groupe comme l’ETRHB est simplement mis en demeure de reprendre, dans un délai de 60 jours, des chantiers à l’arrêt, tandis que de petites entreprises peinent, elles, à recouvrer leurs créances sur l’Etat et en paient le prix en étant déclarées insolvables par les des banques.
La discrimination entre les petites et les grandes entreprises semble monnaie courante en Algérie. Ce sont les grands groupes qui ont le plus de facilités d’accès aux financements, et ce sont eux aussi qui bénéficient le plus de l’indulgence de l’Etat quand il s’agit de supporter « une crise ». Quand il y a crise, des sacrifices s’imposent, et ce sont toujours les plus faibles qui sont désignés comme boucs émissaires.
Ainsi, au moment où l’ETRHB, le plus grand groupe privé algérien spécialisé dans les travaux publics, bénéficie de crédits faramineux et est simplement « mis en demeure » de finir un travail qu’il devait exécuter ou dont la réalisation a enregistré d’énormes retards, plus de 320 entreprises de BTP de taille petite et moyenne ne sont pas payées pour « un travail fait » et se trouvent dans une situation de grande détresse financière qui risque d’emporter certaines d’entre elles.
L’ETRHB a accusé de grands retards dans « la réalisation de la rocade côtière entre Marsa Ben M’hidi et Ghazaouet, projet qui a bénéficié d’une enveloppe de 451 millions de DA, du dédoublement de la route reliant l’échangeur de Bouira à Sour El Ghozlane sur 23 kilomètres, (lot n° 3 qui a bénéficié d’une enveloppe de 388 millions de DA et lot n°2 qui a bénéficié d’une enveloppe de 536 millions de DA). Ce groupe a été mis en demeure de reprendre les travaux dans un délai de 60 jours, au delà duquel « le maître de l’ouvrage se réserve le droit de prendre les mesures coercitives prévues par la réglementation en vigueur, notamment la résiliation aux torts exclusifs du titulaire du marché. » Pourtant, ce même groupe aurait bénéficié, selon une indiscrétion, « d’un milliards de dollars de crédits de la part des banques algériennes pour la réalisation de quelques projets qui restent toujours au stade du lancement ».
Parallèlement, des PME parfois sous-capitalisées et souvent confrontées à une concurrence insoutenables en raison de la rigidité du climat des affaires, voire de son opacité, se trouvent privées de leur propre dû par l’Etat et boycottées par les banques qui jugent leur « solvabilité incertaine ». Plus de 320 entreprises engagées par l’Algérienne des réalisations et construction du Centre, agence étatique, pour la réalisation de logements AADL et LPP sont dans cette situation. Leurs créances globales sur l’Etat s’élèvent à 130 milliards de dinars. A plusieurs reprises, l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, mais aussi l’actuel, Abdelmadjid Tebboune, ont promis aux dirigeants de ces PME de régler leur situation mais la résolution de cette crise est à chaque fois renvoyée aux calendes grecques malgré les cris de détresse sans cesse lancés des entrepreneurs qui sont allés jusqu’à entrer en grève de la faim pour avoir leur dû.
Cet état de fait laisse comprendre que le Gouvernement n’a pas de politique claire en direction des entreprises, surtout pas en direction des PME spécifiquement. Il se contente d’agir, la plupart du temps, au cas par cas et au gré des conjonctures.