À peine une dizaine de jours après l’installation de deux commissions de contrôle chargées de scruter de près les programmes TV pendant le mois de Ramadhan, l’Autorité indépendante de régulation de l’audiovisuel (ARAV) interpelle les directeurs des chaînes de télévision.
Dans un communiqué rendu public ce 3 mars, l’ARAV a appelé les opérateurs dans le secteur des médias télévisuels à « respecter le caractère particulier et sacré du mois de Ramadhan ». Cette note exige des médias audiovisuels d’« adhérer aux règles juridiques et éthiques » et d’éviter de « se laisser emporter par des objectifs de profit absolu ni créer du sensationnalisme au détriment du professionnalisme ».
Elle rappelle également de diffuser des programmes incluant toutes les catégories du public et de mettre en évidence « le caractère algérien dans sa diversité culturelle » et de faire de ce mois « l’occasion de faire découvrir le patrimoine national ».
Il convient de rappeler que le 21 février dernier, le ministre de la communication Mohamed Laagab a installé deux commissions chargées de surveiller les contenus médiatiques pendant le mois de Ramadhan. Avant cela, il avait instruit les directeurs des chaînes de télévision de faire preuve de conservatisme. Il avait ainsi demandé de privilégier des programmes « familiaux » afin d’éviter à l’ARAV et au ministère de la communication de prendre des mesures juridiques en cas de dépassement.
A noter que dans son communiqué, l’ARAV ne fait référence qu’à tout ce qui est relatif à la morale et aux traditions. Pourtant, chaque année, les chaines TV deviennent le terrain de dépassements de tout genre confondu. D’ailleurs, la fois où l’ARAV a été interpellée au sujet d’une scène raciste, la chaine qui l’a diffusée a eu gain de cause. Ses interventions étaient souvent réactionnaires aux polémiques sur les réseaux sociaux et à la pression des conservateurs, comme on l’a vu, en 2022, lorsqu’elle a convoqué les directeurs de Echourouk TV et celui d’Ennahar Tv pour des scènes « attentatoires à la « sacralité du mois de Ramadhan », contenues dans les feuilletons « Hab El Mlouk » et « Babor Ellouh ».
Les directives de l’autorité de régulation ainsi que celles du ministre de la communication rendent difficile la tâche de les concilier avec la liberté éditoriale et vont pousser à l’autocensure. Mais pour l’heure, elles n’ont suscité aucune réaction de la part des directeurs des chaines de télévision.