Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de l’Algérie, publié pour l’automne 2024, met en lumière une dynamique économique positive, tout en pointant les vulnérabilités liées à la dépendance aux hydrocarbures. Cette analyse approfondie souligne à la fois les progrès réalisés et les défis structurels qui persistent dans l’économie algérienne, notamment en ce qui concerne la diversification et la durabilité à long terme.
Au premier semestre 2024, l’économie algérienne a enregistré une croissance de 3,9 % alors qu’elle est accompagnée de pressions sur les équilibres extérieurs et budgétaires. L’augmentation des importations, conjuguée à une baisse des exportations d’hydrocarbures et à une augmentation des dépenses publiques, a réduit l’excédent du compte courant et creusé le déficit budgétaire. Malgré cela, les réserves de change restent solides, couvrant l’équivalent de 16,2 mois d’importations, selon le rapport de la BM.
Hydrocarbures, opportunités et risques
Les perspectives économiques pour 2025 semblent prometteuses avec la reprise attendue de la production d’hydrocarbures, qui pourrait soutenir une accélération de la croissance. Cependant, la Banque estime que cette dynamique positive pourrait être compromise par une augmentation rapide des importations, risquant d’aggraver le déficit du compte courant et de réduire les réserves de change.
Selon Cyril Desponts, économiste principal de la Banque mondiale pour l’Algérie, « les prix des hydrocarbures et leur impact sur les revenus, les dépenses publiques et les importations restent le principal risque pour les perspectives macroéconomiques. ».
A ce titre, le rapport estime que la diversification des exportations de l’Algérie est un impératif stratégique du pays. Avec l’objectif gouvernemental ambitieux de 29 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2030, l’Algérie devra mettre en place un cadre de politique macroéconomique axé sur le renforcement de la productivité des entreprises, l’amélioration de la compétitivité des exportations et une meilleure intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Le rapport attire l’attention également sur l’impact potentiel des nouvelles réglementations environnementales, notamment en Europe, principal partenaire commercial de l’Algérie. La mise en place de taxes carbone aux frontières européennes pourrait affecter les exportations algériennes, largement dominées par des produits à forte intensité carbone.
Pour Kamel Braham , représentant« la transition vers des méthodes de production plus respectueuses de l’environnement et la mise en œuvre d’une tarification explicite du carbone sont essentielles pour garantir la durabilité des exportations. »
Une croissance durable à portée de main
L’Algérie dispose d’atouts significatifs pour relever ces défis : des réserves de changement solides, un potentiel agricole prometteur, et une volonté affichée de diversifier son économie. Toutefois, la dépendance aux hydrocarbures reste un frein à la résilience économique face aux fluctuations des prix internationaux et aux mutations des marchés mondiaux.
La Banque mondiale préconise une stratégie nationale intégrant les enjeux du changement climatique, des réformes structurelles et une gestion prudente des finances publiques pour soutenir une croissance inclusive et durable. Avec des choix stratégiques pertinents, l’Algérie pourrait non seulement renforcer sa stabilité économique, mais aussi s’imposer comme un acteur clé dans les échanges commerciaux globaux, en s’appuyant sur une économie diversifiée.