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« re-mondialisation » ou « démondialisation », comment l’Afrique doit-elle s’adapter, selon l’ancien vice-président de la FED

Par Maghreb Émergent
juin 15, 2024
« re-mondialisation » ou « démondialisation », comment l’Afrique doit-elle s’adapter, selon l’ancien vice-président de la FED

Lors des Assemblées annuelles de la Banque africaine de l'import export, l'accent a été mis sur les forces en opposition de la mondialisation et de la démondialisation, des tendances qui façonnent l'économie et la géopolitique mondiale.

Le Dr Roger Ferguson, ancien vice-président de la Réserve fédérale américaine (FED), a présenté une analyse percutante de la transformation actuelle du monde qui devient de plus en plus multipolaire, notamment à travers l'instabilité croissante du monde actuel, où l'économiste a insisté sur la nécessité pour les États de développer une résilience économique afin de faire face aux crises imprévisibles.

Pour faire le procès de ceux qui sont faibles (économiquement), Dr Ferguson a estimé que la mondialisation, malgré ses bénéfices, "expose les économies africaines à des chocs externes imprévus". "Les perturbations mondiales comme celles observées durant la pandémie de Covid-19, l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et les tensions au Moyen-Orient, démontrent la vulnérabilité des pays dépendants des marchés internationaux", affirme-t-il. Il a ajouté que "l'Afrique doit renforcer sa résilience en augmentant sa capacité à absorber et à surmonter ces chocs, plutôt que de les subir".

Contrairement à l'idée répandue de la démondialisation, Ferguson affirme que nous entrons dans une phase de "re-mondialisation". Cette période est caractérisée par "l'émergence de nouveaux centres de pouvoir économique comme la Chine, l'Inde, le Nigeria et l'Indonésie. Ces changements redéfinissent les dynamiques globales et offrent à l'Afrique une occasion unique de se repositionner sur la scène mondiale". Toutefois, insiste-t-il, "cette re-mondialisation nécessite une agilité stratégique et une capacité d'adaptation accrues de la part des dirigeants africains".

"Les nations africaines doivent diversifier leur économie"

La résilience économique, selon Ferguson, ne signifie pas l'immobilité, mais plutôt l'adaptabilité. Les nations africaines doivent développer des systèmes capables de détecter les changements avant qu'ils ne se produisent, minimisant ainsi l'impact des crises globales. Pour ce faire, l'ancien vice-président de la FED estime que les pays "doivent diversifier leurs économies, réduire leur dépendance aux exportations de matières premières et investir dans des secteurs prometteurs comme les technologies vertes et les industries émergentes".

"Les défis sont nombreux", estime-t-il. "L'inégalité croissante des revenus et des richesses exacerbe les tensions politiques et sociales, menaçant la stabilité intérieure des nations. Parallèlement, le changement climatique pose des risques considérables pour les systèmes économiques existants, mais il offre aussi des opportunités pour l'innovation et le développement durable. Les dirigeants africains doivent naviguer dans ce paysage complexe avec une vision à long terme, cherchant à transformer ces défis en moteurs de croissance".

Enfin, Le Dr Roger Ferguson a indiqué que "la période actuelle de transformation mondiale offre aux pays africains une opportunité historique de refaçonner les dynamiques économiques globales. En adoptant une approche proactive et stratégique, l'Afrique peut non seulement renforcer sa résilience, mais aussi jouer un rôle central dans la re-mondialisation. Cela permettra aux nations africaines de réaliser leurs aspirations communes et de contribuer de manière significative à l'économie mondiale de demain.