L’Algérie vient de traverser une mauvaise passe en 2020, année qui s’est caractérisée par la chute spectaculaire des recettes liées aux hydrocarbures, du fait de l’effondrement des cours du pétrole et la baisse de la demande.
Cette situation plus que « critique » a mis en péril toute l’économie nationale, qui reste ultra-dépendante des revenus de de l’or noir, et par conséquent, excessivement exposée aux fluctuations du marché pétrolier. La crise sanitaire, liée à la pandémie du coronavirus, qui a frappé l’économie mondiale de plein fouet, a mis l’Algérie face à un véritable choc baissier, plus grave encore que celui de 2014, selon les observateurs.
La chute des cours du pétrole dès le début du deuxième trimestre 2020, a impacté le budget du pays, calculé sur un prix référentiel du baril équivalent à 60 dollars, alors en valait moins de la moitié, en cette période, avec un risque de baisse potentielle encore plus importante.
Il devint alors indispensable pour le gouvernement de repenser le calcul du budget et rectifier le tir, dans la loi de Finances Complémentaire (LFC 2020).
Ainsi, il a été décidé de réduire d’un tiers le budget de fonctionnement de l’Etat et de diminuer la facture de l’importation de 10 milliards de dollars. De son côté, le groupe pétrolier national Sonatrach, principal pourvoyeur en devises du pays, a été dans l’obligation de réduire de moitié ses charges d’exploitation et ses dépenses d’investissement, soit de 7 milliards de dollars.
Un trou de plus de 10 milliards de dollars dans les caisses de l’Etat
Les recettes des hydrocarbures de l’Algérie ont enregistré une baisse de plus 10 milliards de dollars en 2020. Elles atteignaient 33 milliards de dollars en 2019, contre 21 et 23 milliards de dollars à la fin de l’année 2020.
Les estimations du gouvernement en matière des exportation d’hydrocarbures, tablent sur une baisse estimée à 7,5%. Sur cette base, les pouvoirs publics avaient prévu dans la LFC 2020 un recul des recettes des hydrocarbures à 20,6 milliards de dollars contre 37,4 milliards prévus initialement.
Dès le début du premier semestre 2020, les recettes avaient diminué de 40%, par rapport à la même période de 2019. Une baisse qui a conduit l’Algérie à reconsidérer d’urgence son modèle économique, quitte à appliquer une politique indépendante du schéma de la rente pétrolière.
D’autant plus que la base fiscale avait également perdu plusieurs mois de recouvrement, à cause du retard et de ralentissement survenus en matière d’activité économique au cours de l’année écoulée.
Les réserves de changes en baisse
La convergence de deux facteurs clés que sont la baisse des revenus du pétrole et du gaz et le maigre apport en matière d’IDE, a inéluctablement induit un déficit de la balance des paiements. Conséquence, les réserves de change du pays ont fondu comme neige au soleil. Elles se situent en deça des 50 milliards de dollars.
Selon les dispositions de la loi de Finances complémentaire (LFC) 2020, le niveau des réserves de change passera de 51,6 milliards de dollars, tel que fixé dans la Loi de finances 2020, à 44,2 milliards dans la LFC. Ce niveau équivaut à une année d’importation, selon les déclarations du porte parole du gouvernement, Ammar Belhimer.
D’autre part, cette baisse devrait persister en 2021. La LF2021 prévoit, en effet, un recul des réserves de change à moins de 47 milliards de dollars, soit près de 16,2 mois d’importation de marchandises et de services hors facteurs de production, avant une reprise progressive lors des deux années suivantes.
Dans ce sens, le gouvernement prévoit une baisse du déficit de la balance des paiements qui devrait atteindre 3,6 milliards de dollars en 2021. Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, estime que le niveau de la « tirelire » algérienne connaîtra une hausse progressive en 2022 : 47,53 milliards de dollars et 2022 et 50,02 milliards en 2023 « grâce à l’excédent prévu pour ces deux années ».