« Sans des investissements, étrangers et nationaux, et sans grande compétitivité, il n’y a pas d’exportation et sans exportations, il n’y a rien ».
Le bras de fer Tebboune -Haddad, bien que limité dans le temps, a réussi à ternir l’image du pays vis-à-vis de ses partenaires économiques étrangers et à donner de l’Algérie l’image d’un Etat vulnérable, versatile et intempestif. La remise en cause de l’essentiel des décisions prises par l’ex-exécutif, notamment le cahier des charges relatif à l’industrie automobile, les dispositions phares du code de l’investissement, la gestion du foncier industriel, les exonérations fiscales accordées aux opérateurs dans certains secteurs jugés porteur de forte valeur ajoutée, etc., vient mettre de l’huile sur le feu en rappelant l’absence d’une stratégie économique globale, ce qui porte un coup dur à la crédibilité de l’Algérie sur la scène internationale. C’est ce que pense Reda Amrani, consultant en économie industrielle. « Le comportement du Gouvernement Tebboune est anti algérien. Il va à l’encontre de l’investissement, du développement de l’emploi, de la création des richesses. On n’aurait pas fait mieux si on voulait porter un coup dur à notre économie toujours naissante. Le pire est que cela se fait au nom du patriotisme », tonne-t-il en précisant que « le vrai patriotisme est de laisser les gens investir et de leur donner le temps de bien le faire, de ramener les bons investissements étrangers, et d’exporter. » Et d’ajouter : « Tout le monde se plait des usines de montage automobile alors que très peu se sont plaints des importations de voitures. Il faut savoir que les industries de montage nécessitent des années de travail. C’est un processus long et dont l’intégration est très complexe. Plus de dix métiers interviennent dans le montage d’une seule voiture de plus de 30 000 pièces différentes. Ce n’est pas une affaire de quelques mois. Il faut 10, 15 voire 20 ans pour mettre en place une véritable industrie automobile. Et cela implique une courbe d’apprentissage complexe pour pouvoir accéder à cette technologie, ensuite, la maîtriser. Il faut saisir par là qu’il y a une période d’adaptation et une période de formation ».
« On dissuade les investisseurs, nationaux et étrangers »
L’Algérie n’attire pas beaucoup d’investissements étrangers et ne fait aucun effort particulier pour y arriver. Bien contraire. Les scandales ayant eu lieu ces derniers temps où on a vu des décisions présentées comme « stratégiques » par l’ex-Exécutif remises en cause et le Premier ministre tirer sur les hommes d’affaires et engager une guerre, sinon politique, du moins médiatique, contre eux, ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs étrangers qui sont sur place et encore moins ceux désireux de s’installer en Algérie. Ce type de « conflits », pour récurrents qu’ils soient dans plusieurs pays, n’en cachent pas une certaine instabilité politique et « un manque de vision » qui se répercutent grandement sur le climat des affaire et touche ainsi directement aux intérêts des opérateurs économiques et, partant, du pays.
Parmi les indicateurs de la qualité du climat des affaires, « la réussite des investisseurs locaux et la stabilités des dispositifs réglementaires régissant la sphères économiques », sont deux éléments fondamentaux. Or, l’Algérie en souffre. Elle est toujours mal classée par Doing Bussiness ( 156 place en 2017). En terme d’attrait des IDE, elle est également mal classée dans le pourtour méditerranéen en captant moins de 1% des flux d’investissement dans cette région et 1.5 milliard (2016) des 31milliards de dollars destinées aux pays du monde arabe. « Le manque de vision et les ruptures brutales qui se font dans la politique économique du pays ne rassurent ni les investisseurs locaux ni les étrangers. L’Algérie est très mal classée quant à la qualité du climat des affaires et elle le sera encore plus dans les années à venir. Les investisseurs ne viendront pas ici ; ils ont d’autres choix. Et les nationaux, on leur demande de tout faire tout de suite alors que le marché est là pour leur dicter la marche à suivre. Or, sans des investissements, étrangers et nationaux, et sans grande compétitivité, il n’y a pas d’exportation et sans exportations, il n’y a rien, » explique Reda Amrani.