Les pressions pour accélérer le départ du président démissionnaire du FCE, Rédha Hamiani, sont de deux sortes: celles de milieux d’affaires proches du cercle présidentiel et celles de chefs d’entreprises pour qui un président démissionnaire a peu de poids et qui craignent que l’organisation patronale ne soit inaudible lors des prochaines négociations sociales.
Rédha Hamiani, président démissionnaire du Forum des chefs d’entreprise (FCE), est pressé par ses pairs de quitter l’organisation. Après l’annonce de son prochain départ (pour raisons personnelles », il a souhaité rester à la tête de l’organisation pour quelque temps encore, mais des pressions énormes s’exercent pour le pousser vers la sortie, selon les sources de Maghreb Emergent.
Ces pressions sont de deux sortes, a déclaré un chef d’entreprise. Il y a, d’abord, celles provenant de milieux d’affaires proches du cercle présidentiel, qui reprochent à M. Hamiani le peu d’enthousiasme manifesté dans son soutien au quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Ces milieux veulent placer leurs candidats au plus vite, avec de nouvelles clientèles qui arrivent en force, dans le sillage de Ali Haddad et Amar Benamor, considérés comme les ténors du patronat au sein du cercle présidentiel.
En parallèle, les dirigeants du FCE estiment qu’un président démissionnaire n’a pas plus de poids, ce qui risque de nuire à leurs intérêts. Un chef d’entreprise a déclaré à Maghreb Emergent que « la voix du FCE sera inaudible » lors de la tripartite du 16 septembre, en raison de la situation de M. Hamiani. « C’est déjà une occasion ratée de défendre le monde de l’entreprise», déplore-t-il.
Respecter les statuts
Malgré un bilan flatteur à la tête du FCE, M. Hamiani est accusé par ses adversaires de vouloir rester pour se donner le temps d’influer sur la succession et, éventuellement, désigner un successeur. Un économiste qui a travaillé pour le compte du FCE exclut cependant cette hypothèse. «Les mœurs en vigueur dans la cour du pouvoir excluent ce rôle. Seuls les proches du président ont le droit de se prononcer sur la succession », dit-il.
D’autres voix souhaitent normaliser le fonctionnement du FCE en tirant profit de cette crise. Pour ce courant, le salut se trouverait dans le respect strict des statuts. En cas de démission du président, c’est, statutairement, le vice-président le plus âgé qui assure l’intérim pour une durée de trois mois, jusqu’à l’assemblée générale élective qui choisit le nouveau président.
Dans ce cas de figure, ce serait M. Ahmed Tibaoui, vice-président, qui assurerait l’intérim. Mais un coup de force des patrons du cercle présidentiel n’est pas à écarter. Dans ce cas, les choses pourraient se précipiter dès la fin de la semaine, en vue de pousser à la porte M. Hamiani pour le remplacer par un patron fortement impliqué dans le nouveau dispositif du pouvoir.
Omar Ramdane pas candidat
Par ailleurs, M. Omar Ramdane, président du FCE de sa création, en octobre 2000, jusqu’à 2007, n’est pas candidat à sa présidence, selon les informations de Maghreb Emergent.
Des informations de presse avaient fait état d’un possible retour de celui qui a fondé le FCE avant d’en devenir le président d’honneur. Toutefois, les sources de Maghreb Emergent indiquent que M. Ramdane, 76 ans, a « pris ses distances », et qu’il est « dans la ligne de ceux qui souhaitent un passage de témoin à une nouvelle génération ».
M. Ramdane avait refusé de soutenir un quatrième mandat du président Bouteflika en avril dernier. Il l’avait fait savoir, sans toutefois quitter le FCE, comme l’avaient fait le patron de NCA Rouba, Slim Othmani, et le détenteur de la première fortune d’Algérie, Issaad Rebrab.