La publication des nouveaux statuts et régimes indemnitaires des praticiens médicaux de santé publique, intervenue le 6 janvier 2025, suscite une vive opposition du secteur. Cette réforme, pourtant très attendue, est jugée largement insuffisante par les représentants syndicaux qui dénoncent un décalage flagrant entre les promesses présidentielles et la réalité des textes.
Mohamed Idir, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), ne mâche pas ses mots. Il qualifie ces textes de “démoralisants”, soulignant qu’ils restent “aussi peu attractifs que ceux de 2009”. Plus alarmant encore, il révèle que la version finale est “pire que celle présentée lors des consultations”. Pour lui, ces nouvelles dispositions ne permettront pas d’arrêter le départ des praticiens spécialistes vers le secteur privé ou l’étranger.
Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), partage cette analyse critique. Il pointe notamment une disposition particulièrement controversée du statut : la promotion à titre posthume des praticiens décédés en service. Cette mesure, inscrite dans l’article 8 du statut particulier, prévoit que “les praticiens médicaux généralistes de santé publique décédés dans ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions bénéficient d’une promotion au grade supérieur”. Une disposition que le Dr Merabet juge “grave”.
Les régimes indemnitaires, très attendus par la profession, concentrent aussi les mécontentements. Le nouveau système établit une prime d’amélioration des performances pouvant atteindre 40% du traitement pour les praticiens spécialistes, assortie d’une indemnité d’astreinte en soins spécialisés entre 40 et 55%, et une indemnité de qualification variant de 50 à 65% selon les grades. Des revalorisations jugées insuffisantes par les syndicats.
Pour les paramédicaux, la réaction est plus nuancée. Leur représentant, Lounès Ghachi, salue certaines avancées comme la création de postes supérieurs, mais déplore le plafonnement de la prime de performance à 35%, alors que les syndicats réclamaient un minimum de 40%.
Les syndicats critiquent particulièrement deux aspects majeurs, à savoir l’absence d’effet rétroactif des textes, pourtant annoncé initialement par la présidence, et le maintien du statu quo concernant la grille salariale des spécialistes. Selon Mohamed Idir, les augmentations prévues sont “très insuffisantes et seront rapidement rattrapées par l’inflation”.
Face à cette situation, le SNPSP annonce la préparation d’un argumentaire détaillé qui sera présenté aux autorités et au président de la République. Cette mobilisation montre une volonté de poursuivre le dialogue pour obtenir une véritable revalorisation du secteur.
Cette réforme, qui devait marquer un changement important dans la valorisation de la profession médicale, semble ainsi manquer son objectif selon les principaux concernés. Les syndicats y voient une occasion manquée d’améliorer significativement les conditions des praticiens de santé publique et de répondre aux défis majeurs du secteur, notamment le départ des compétences médicales vers le privé et l’étranger.
Yasser Kassama