L’annonce lundi par le Premier ministre Abdelmalek Sellal de mesures strictes pour assainir le champ audiovisuel a pris le pas, dans les éditions de ce mardi des principaux quotidiens nationaux, sur les autres sujets d’actualité comme l’examen du Brevet de l’enseignement moyen (BEM) qui concerne près de 560 000 candidats, ou encore l’attribution provisoire par l’ARPT de la Licence 4G aux trois opérateurs de téléphonie mobile opérant en Algérie.
« Nouveau cadre règlementaire pour l’audiovisuel.. Plus de 50 télés privées seront interdites », annonce en grosses manchettes la une d’El Watan.
Reprenant les propos de M. Sellal lors d’une cérémonie de destruction de deux millions de supports audiovisuels piratés, le journal écrit que « le gouvernement veut mettre de l’ordre dans le secteur audiovisuel du pays », avertissant que «les chaînes de télévision, non agrées, seront fermées dans les prochains jours».
L’objet des propos de Sellal aisément identifiable
En réagissant «aux graves dérives qu’a connu le champ audiovisuel ces derniers temps» et qui mettent «à mal la cohésion nationale», M. Sellal a «établi un diagnostic précis et exhaustif des manquements à la loi» de la part de «certaines chaînes de télévision privées », écrit le journal, qui relève cependant que «pour qui a suivi l’actualité de ces derniers jours et le traitement cathodique délirant qu’une chaîne de télévision privée, Ennahar en l’occurrence, a réservé au dossier du rachat d’actifs du groupe de presse El Khabar par l’homme d’affaires Issad Rebrab, l’objet du délit visé par les propos du Premier ministre est aisément indentifiable ».
Liberté titre quant à lui : «Abdelmalek Sellal à propos des chaînes TV privées .. aucun dépassement ne sera plus toléré». Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a justifié ses déclarations au sujet des chaînes de télévision privées par «les dépassements éthiques et professionnels dont se sont rendues coupables ces télévisions», écrit le journal, en reproduisant les propos du Premier ministre qui estime qu’on doit «tous admettre que certains vecteurs audiovisuels versent plus dans la publicité mensongère, la violation de la vie privée, l’atteinte à la dignité des personnes, la désinformation et, plus grave encore, des attaques contre la cohésion de la société algérienne avec des appels à la haine, au régionalisme et à la fitna ».
Les médias respectueux de l’éthique existent mais sont les premières cibles du gouvernement
Néanmoins, dans son éditorial, s’adressant au Premier ministre, le journal écrit : «assainir la presse et l’audiovisuel ? Faites donc M. Sellal, et vous trouverez à vos côté la totalité des médias respectueux de l’éthique et des règles du métier. Et vous savez, tout comme (Hamid) Grine (ministre de la Communication) que ces médias existent bel et bien chez nous. Mais comment vous croire sur parole, alors que vous savez aussi, tout comme M. Grine, que pour l’heure, ce sont ces médias qui sont particulièrement ciblés par l’action du gouvernement…».
Le Quotidien d’Oran, quant à lui, estime dans son éditorial qu’«on retiendra du discours (…) de Sellal cette volonté délibérée de l’Etat de lâcher la bride à un secteur naissant dans l’espoir qu’il s’autorégule. Une démarche qui résume à elle seule cette logique du pouvoir de laisser faire et n’intervenir qu’en aval, en pompier », selon le journal qui s’interroge «comment prendre au sérieux un gouvernement qui ouvre la bergerie puis crie au loup?».
«Sellal décidé à mettre de l’ordre dans la jungle de l’audiovisuel .. «L’Etat va sévir », titre de son côté L’Expression, pour qui , le Premier ministre «a réaffirmé le soutien du gouvernement au ministre de la Communication dans sa mission d’assainissement de la presse » et a «fait savoir que ce serait désormais tolérance zéro avec les médias de la haine et de l’invective ».
Grine ne fait pas cavalier seul mais a été chargé par le gouvernement d’agir
En assurant que c’est «bien le gouvernement (qui) a chargé le ministre de la Communication d’assainir la situation» du secteur audiovisuel , en attendant la mise en place de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav), le Premier ministre Abdelmalek Sellal a «de ce fait balayé les attaques que subit Hamid Grine accusé de faire cavalier seul » alors qu’il «mène la délicate mission de professionnalisation de la presse», selon le journal.
Le quotidien El Khabar a purement et simplement ignoré dans sa une le sujet qu’il a traité en 3e page dans un rapport reproduisant pratiquement in extenso les déclarations du Premier ministre, alors que le principal titre de sa une a été consacré à «la vague de solidarité» avec le journal au sujet de son rachat par l’industriel Issad Rebrab.
D’autres quotidiens comme Echourouk, Ennahar, Horizons ou encore EL Moudjahid ont estimé que les déclarations du Premier ministre viennent à point nommé pour «mettre un terme à l’anarchie» qui règne dans le secteur audiovisuel.
Les décisions annoncées par Sellal visent à mettre fin à l’activité de «chaînes violant la vie privée, portant atteinte à la dignité et semant le régionalisme et fitna », selon Ennahar. Horizons propose pratiquement la même lecture, en soutenant dans son éditorial qu’il s’agissait d’«une œuvre de salubrité» car certaines chaînes «qui agissaient, jusque là, en toute illégalité» ont «dépassé les lignes rouges (… ) allant jusqu’à mettre en danger la cohésion sociale ».
El Moudjahid abonde dans le même sens, en assurant qu’ «il s’agit d’une démarche officielle (…) dont le but est de faire en sorte que si la liberté la plus totale est garantie, la responsabilité doit suivre, sinon c’est le chaos et l’anarchie ».