La présentation mardi à l’assemblée populaire nationale (APN) du projet de loi relatif à la régulation de la circulation par le ministre des transports, Boudjema Talai a tourné à un accrochage verbal entre les deux plus importants représentants du FLN à l’assemblée : Larbi Ould Khalifa, le président de l’institution et Mohamed Djemiai, chef du groupe FLN. Entre l’apparatchik et l’homme d’affaires, rien ne va plus.
Après la présentation succincte du projet de loi par le ministre, Mohamed Djemaï a pris la parole en premier pour se livrer à un discours hagiographique et de loyauté en direction du président Bouteflika. Une «tradition » chez les députés des partis du pouvoir (FLN et RDN) que le président du parlement, Ould Khalifa n’a guère apprécié aujourd’hui.
« Allez faire ce discours dans une réunion du groupe parlementaire du parti…On n’est pas là pour ça ! » a tonné le président de l’APN avant de couper le son à Djemaï et de la donner à un autre intervenant.
Outré le président du groupe parlementaire FLN a quitté l’hémicycle et a demandé aux députés du parti de le suivre. Sans écho puisque ceux qui ont quitté la salle se comptent sur les doigts d’une seule main.
Le conflit désormais ouvert entre Larbi Ould Khalifa et Mohamed Djemaï semble, selon un député de l’opposition, recouvrir une division réelle entre les apparatchiks classiques du FLN et les nouveaux arrivants du monde des affaires.
Djemiaï, qui est aussi patron de Starlight Electronics après avoir représenté la marque du sud-coréen LG, représenterait ces politiciens de la «chkara » que le successeur de Saadani, Ould Abbès, a rapidement dénoncé et a promis d’extirper;
La tension est montée entre les deux hommes. Selon des membres du FLN, Ould Khalifa a adressé un courrier au SG du parti, Djamel Ould Abbès pour se plaindre du comportement de certains parlementaires du parti.
Une guerre liée aux législatives?
Certains imputent cette exacerbation du conflit entre les deux hommes au fait que Ould Khalifa aurait fait savoir à qui de droit qu’il souhaiterait, en cas de remaniement, que le poste de ministre des relations avec le parlement revienne à l’actuel vice-président de l’APN, Said Lakhdari. Or, selon ces sources, Djemaï veut ce poste pour lui ou pour un de ses proches.
Une autre raison est avancée : Djemaï voudrait être tête de liste à Alger aux prochaines législatives et donc évincer Ould Khalifa. Le chef du groupe parlementaire, Mohamed Djemaï, réputé proche d’Amar Saadani, s’est retrouvé sans soutien sérieux ce mardi.
«Djemai ne nous représente pas… Il est poussé de l’extérieur du parti, spécialement du parti Talaia El Houriat » d’Ali Benflis, nous affirme un député FLN sous le sceau de l’anonymat. Les députés Abdelkader Haddouche et Djaadi Menouer ont marqué leur distance en affirmant ne pas être au service des hommes mais du parti et que de ce fait ils ne quitteront pas l’hémicycle.
Certains députés FLN sont tranchants : «Ould Khalifa est le troisième personnage de l’Etat, il est nommé par le président de la république… Il est de notre parti et nous le soutenons ».