Retour de l’ère glaciaire entre le Maroc et les Nations-Unies sur le Sahara Occidental, après la visite de Ban Ki Moon dans la région pour relancer le processus d’organisation d’un référendum d’autodétermination pour les Sahraouis.
Plus d’un million de personnes, ils seraient plus de trois millions selon l’agence MAP, avaient manifesté dimanche à Rabat contre le secrétaire général des Nations-Unies, qui a visité quelques jours plus tôt les camps de réfugiés à Tindouf (Algérie) et annoncé sa volonté de relancer les négociations entre le Maroc et le Front Polisario pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination sur ce territoire non autonome. A l’issue de sa visite en Algérie et aux camps de réfugiés sahraouis, M. Ban avait notamment souligné que la MINURSO est prête »à organiser un référendum s’il y a un accord entre les parties », et a ajouté qu’il a demandé à (son envoyé personnel) Christopher Ross de »reprendre ses tournées », avant de déplorer que Rabat et le Polisario « n’ont fait aucun progrès réel dans les négociations devant aboutir à une solution juste et acceptable par tous, fondée sur l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Des propos qui ont été vite dénoncés par les officiels marocains, outrés également que M. Ban utilise le terme »occupation » pour décrire la situation des réfugiés sahraouis. En guise de réponse à ces propos que Rabat a qualifié de »dérapages verbaux » et »les faits accomplis et les gestes de complaisance injustifiés » de M. Ban, une manifestation de protestation a été »spontanément » organisée dans la capitale du Royaume, avec la participation de tous les syndicats, les partis politiques et la société civile, ministres du gouvernement Benkirane en tête de file.
La Colère de M. Ban
Lundi 13 mars dans un communiqué des Nations-Unies, M. Ban Ki Moon a dénoncé « les attaques irrespectueuses » de Rabat contre sa personne. Il a exprimé « sa profonde déception et sa colère » à la suite de cette manifestation, « qui l’avait pris pour cible personnellement ». « De telles attaques témoignent d’un manque de respect pour sa personne et pour les Nations unies », affirme le communiqué, qui s’interroge sur la présence parmi les manifestants de « plusieurs membres du gouvernement marocain ». Il a signifié au chef de la diplomatie marocaine Salah Eddine Mezouar qu’il a reçu à New York, que de telles attaques »sont irrespectueuses envers lui et envers l’ONU. » Le SG de l’ONU a également manifesté sa »stupéfaction » quant à la déclaration du gouvernement marocain, qui a reproché à M. Ban « s’être départi de sa neutralité, de son objectivité et de son impartialité » lors de sa première visite dans la région, en particulier la visite des territoires sahraouis libérés à Bir Lahlou. Enfin »le secrétaire général a demandé au ministre des Affaires étrangères (du Maroc) de s’assurer que l’ONU soit respectée au Maroc », ajoute le communiqué de l’ONU. Les négociations indirectes entre le Maroc et le Front Polisario sur l’avenir du Sahara Occidental sont bloquées depuis plusieurs années, Rabat voulant imposer l’une des trois solutions mises sur la table des négociations: l’autonomie sous administration marocaine de ce territoire non autonome.