La valeur des infrastructures construites en Algérie durant ces dix dernières années risque de chuter si on ne prend pas en considération leur maintenance. Pour Akli Ourad, spécialiste dans la gestion des actifs infrastructurels, il est temps que l’administration publique prenne au sérieux l’aspect de « l’asset-management ».
L’ingénieur le définit comme «un mode de gestion global qui commence dès la livraison de l’infrastructure en question jusqu’au moment où elle atteint sa durée de vie initiale. » Cette lacune dans l’asset-management a des répercutions pécuniaires et favorise la dégradation rapide de ces infrastructures (autoroute, aéroport, barrages…etc.)
« C’était le cas dans le drame survenu il y a trois ans au Stade du 5 juillet d’Alger et qui aura couté la vie de deux supporteurs suite à l’effondrement d’une partie d’un gradin. « L’asset-management est un modèle de gestion proactif et non réactif, c’est-à-dire on anticipe et on planifie les interventions à venir » a souligné Akli Ourad lors de son passage sur Radio M le 15 février dernier.
Prenant le cas de l’autoroute Est-ouest, Akli Ourad fustige l’administration publique qui selon lui a négligé « l’aspect cycle de vie » de l’œuvre. Cette omission revient selon lui au fait que les responsables «se focalisent uniquement sur la réalisation et la construction ».
Akli Ourad estime que la maintenance de cette autoroute devrait revenir à des prestataires compétents. Ce n’est pas le cas selon lui, car « aujourd’hui l’autoroute est gérée par les Directions des travaux publics des wilayas » qui selon Akli Ourad « n’ont ni les moyens ni les compétences ni le savoir-faire. »
Un modèle de « business » et non « un service social »
Le modèle d’asset-management défendu par Akli Ourad « replace l’usager au cœur de la gestion». En somme, les supporteurs payent la maintenance de leurs stades et les usagers de l’autoroute payent l’entretien de celle-ci. Dans ce mode de gestion, « toute infrastructure publique est considérée comme un business et non comme un ‘’service social‘’.
Pour l’autoroute, il estime que l’Algérien doit payer car « il faut prendre en considération le coût du carburant et le temps du trajet gagné ainsi que le nombre d’accidents (réduits) en comparaison aux anciennes routes nationales. »
Toutefois, souligne-t-il, ce « mode de financement » ne suffirait pas pour rémunérer les prestataires de maintenance. L’entretien des routes peut être financé par « l’argent du secteur routier » à savoir « les recettes du paiement des vignettes auto, des taxes du carburant et l’impôt sur l’importation de véhicule ». Selon lui, pour une meilleure gestion, il sera utile de créer un «fonds routier» indépendant de l’Etat.