Dans un entretien accordé ce dimanche au journal L’Opinion, le président Abdelmadjid Tebboune rompt le silence sur plusieurs dossiers épineux qui alimentent les tensions franco-algériennes, notamment les affaires Sansal et Doualemm.
Au sujet de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, actuellement incarcéré, le président maintient une ligne intransigeante malgré les pressions internationales. Il balaie la polémique d’un revers. “Boualem Sansal n’est pas un problème algérien. C’est un problème pour ceux qui l’ont créé », affirme-t-il, estimant qu’il s’agit d’une “affaire scabreuse visant à mobiliser contre l’Algérie”.
Il souligne que l’écrivain, naturalisé français depuis seulement cinq mois, “est d’abord algérien depuis soixante-quatorze ans”. Tebboune assure que Sansal, placé sous mandat de dépôt, reçoit un suivi médical et peut maintenir des contacts réguliers avec ses proches.
Concernant l’influenceur Doualemm, accusé d’avoir incité sur TikTok à des actions contre un opposant algérien en France, le président défend la position algérienne en invoquant le respect des procédures légales. Il rappelle d’ailleurs que la justice française a récemment rejeté la demande d’expulsion en urgence absolue formulée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Sur le front migratoire, Tebboune surprend en annonçant l’accord de l’Algérie pour accueillir 306 ressortissants en situation irrégulière que Washington souhaite expulser. “Nous allons le faire parce que cette demande est légale”, explique-t-il, tout en pointant une différence d’approche avec la France : “Le président américain n’a pas d’arrière-pensée liée à l’immigration algérienne aux États-Unis, alors que le programme du RN […] s’attaque systématiquement à l’islam et à l’immigration, avec comme bouc émissaire l’Algérie.”
Quant aux laissez-passer consulaires avec la France, le président nuance les statistiques avancées. Il souligne que de nombreux clandestins usurpent la nationalité algérienne et rappelle que la majorité des Algériens arrivent légalement en France pour leurs études ou pour exercer des professions qualifiées comme médecins, avocats ou ingénieurs.
Y.K