On n’a jamais autant investi dans le domaine agricole que dans les années 2000 même si la rentabilité n’a pas été au rendez-vous. Des progrès ont été faits mais l’Algérie reste « vulnérable » et n’est pas à l’abri d’un retournement de situation.
Même si l’Algérie a réalisé de bons résultats en matière de sécurité alimentaire, elle n’est pas à l’abri d’une rupture d’approvisionnement sur le moyen ou le long terme, a indiqué à l’émission l’invité du direct de Radio M, Omar Bessaoud, Professeur d’économie agricole et rurale en Méditerranée au centre international des hautes études agronomique de Montpellier.
L’augmentation de la population algérienne et l’absence d’une stratégie alimentaire sur le long terme représentent les principaux facteurs favorisant une rupture d’approvisionnement à l’avenir.
Dans l’immédiat, l’Algérie, comme beaucoup d’autres pays, profite du fait que les prix des produits alimentaires marchés mondiaux soient à la baisse depuis plusieurs années. Des prix tirés vers le bas en raison du progrès technologique des pays développés, a constaté le Pr Bessaoud.
« Il y a une quinzaine d’année, une vache européenne produisait 6000 litres de lait par an. Aujourd’hui, grâce au progrès technologique, elle en produit 10000 à 12000 litres par an (…) En 2007-2008, en plein crise alimentaire, on achetait le blé à 450-500 dollars la tonne, aujourd’hui on l’achète à moins de 250 dollars la tonne » explique-t-il.
D’autre part, « les niveaux de élevé des stocks de produits alimentaires au niveau mondial, ont eu également pour effet de réduire les prix », poursuit-il. Pour l’Algérie, l’embellie financière durant les années 2000 a permis de progrès. On n’a jamais autant investit dans le domaine agricole. Mais, relève-t-il, la « rentabilité n’a pas été au rendez-vous »
Les progrès des années 2000
« Durant les années 1990, les investissements publics dans le secteur agricole était de 300 à 400 millions de dinars. Entre les années 2007 et 2014, ils étaient autour des 50 milliards de dinars par an », rappelle-t-il.
Durant cette même période, de nombreux fonds de soutiens dédiés au secteur de l’agriculture ont été créés. De même que les surfaces irriguées ont été multipliées par deux passant de 500.000 à près d’un million d’hectares. « La production agricole a connu un rythme de progression annuel situé entre 2,6% jusqu’à 9% », ajoute l’invité de radio M.
Mais, relève-t-il, le caractère temporaire des facteurs positifs ne devrait pas nous faire oublier nos vraies faiblesses. 3Nous sommes encore vulnérables parce que la sécurité alimentaire n’est pas un problème agricole stricto sensu » souligne-t-il.
L’anticipation fait défaut
Pour lui, l’urgence est de mettre en place un modèle économique impliquant plusieurs secteurs pour assurer la sécurité alimentaire du pays et ne plus compter uniquement sur l’agriculture.
« On ne peut pas demander à l’agriculture de produire, d’employer, de préserver les ressources et d’exporter. C’est un pari impossible », assure-t-il.
Une stratégie sur le long terme est également une priorité, puisqu’il s’agira de faire des projections pour pouvoir subvenir aux besoins d’une population de plus en plus nombreuses, note-t-il. Et c’est précisément l’anticipation qui fait défaut aujourd’hui en Algérie, selon le Pr Bessaoud.